Argentine : fan de Donald Trump, climatosceptique, ultralibéral... Qui est Javier Milei, élu président du pays ?
[Cet article avait initialement été publié le 22 octobre, jour du premier tour de l'élection présidentielle argentine. Nous vous proposons de le relire alors que Javier Milei a remporté, dimanche 19 novembre, le second tour.]
Il promet de "tronçonner" l'Etat, admire Donald Trump, nie toute responsabilité de l'homme dans le changement climatique et veut dégager "à coups de pied au cul" la "caste politique qui parasite" l'Argentine. Javier Milei, économiste ultralibéral de 53 ans, se définissant comme "anarcho-capitaliste", a remporté l'élection présidentielle à l'issue du second tour, dimanche 19 novembre.
En pleine crise inflationniste, avec une augmentation des prix de 138% en un an, le candidat "anti-système", qui promet d'en finir avec "cette aberration appelée justice sociale", a battu le ministre de l'Economie péroniste (centre gauche), Sergio Massa, avec plus de 55% des voix. Franceinfo fait les présentations avec le nouvel homme fort de l'Argentine.
Un candidat "anarcho-capitaliste" et "antisystème"
Auparavant polémiste à la télévision argentine, Javier Milei a déboulé en politique en 2021. Elu député à Buenos Aires, il a gagné rapidement en popularité grâce à ses propositions radicales et son langage strident, voire insultant. "Qu'ils s'en aillent tous, qu'il n'en reste plus un !", scande-t-il lors de ses meetings, où il promet à ses électeurs de dégager "à coups de pied au cul" la "caste politique qui parasite" l'Argentine. Autoproclamée "anarcho-capitaliste", il se décrit comme libertarien, avec une touche libertaire. Il se dit ainsi opposé à l'avortement, mais envisage un marché de la vente d'organes.
Alors que les Argentins sont éreintés par le surendettement et la hausse des prix, Javier Milei met aussi en avant sa formation d'économiste et fait des propositions chocs. Il promet dérégulation et privatisations, un "plan tronçonneuse" dans les services publics et d'en finir avec "cette aberration appelée justice sociale, synonyme de déficit budgétaire". Il propose également une "dollarisation" de l'économie argentine pour lutter contre l'inflation, soit le remplacement du peso, la monnaie nationale, par la devise américaine. Un projet qualifié de "mirage", au coût social et inflationniste périlleux, par 170 économistes de divers bords.
Un homme de scène, populaire sur les réseaux sociaux
Javier Milei est aussi un homme de scène. Dans ses meetings, il se décrit comme "le lion" qui va sauver l'Argentine, en référence à sa coiffure en bataille, et crie à pleins poumons son slogan choc : "Vive la liberté, bordel !" Le candidat promet de refaire de l'Argentine une "puissance mondiale", une "terre promise" d'émigration comme au début du XXe siècle. Le rêve d'une "grandeur retrouvée" qui n'est pas sans rappeler Donald Trump, pour qui il a plusieurs fois exprimé son admiration.
L'"anarcho-capitaliste" est aussi très présent sur les réseaux sociaux, où son discours de méritocratie et de dégagisme a trouvé un écho auprès d'un électorat populaire, jeune et désabusé par les partis classiques. Par le passé, Javier Milei a également été joueur de foot et chanteur de rock, ce qu'il met en avant sur ses réseaux sociaux pour alimenter sa popularité.
En tête des primaires mais devancé au premier tour
Avant même son élection le 19 novembre, Javier Milei a déjà connu une victoire dans les urnes. L'ultralibéral est sorti en tête des primaires organisée en août, avec plus de 30% des voix. En Argentine, des primaires ont lieu avant l'élection présidentielle, lors desquelles les Argentins sont appelés à choisir les partis et les candidats qui participent ensuite au premier tour de l'élection présidentielle. Au lendemain de cette victoire de Javier Milei, le peso avait été dévalué de 20%.
Lors du premier tour le 22 octobre, il avait en revanche été devancé par le centriste Sergio Massa (36,68% contre 29,98%). Mais Javier Milei a notamment bénéficié du soutien de la candidate du centre-droit Patricia Bullrich, arrivée troisième (23,83%).
Une semaine avant le second tour, les deux finalistes avaient échangé des coups sans retenue lors du débat. "Votez sans peur, car la peur paralyse, et si vous vous paralysez cela bénéficie au statu quo, celui qui nous appauvrit", avait lancé Javier Milei, en appelant les nombreux électeurs indécis à bouter "cette caste politique voleuse, corrompue, parasite".
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