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Venezuela : le meurtre d'une ex-Miss réveille les tensions autour de l'insécurité

Les corps criblés de balles de Monica Spear Mootz, Miss Venezuela 2004, et de son compagnon ont été retrouvés dans une voiture au bord d'une autoroute.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les corps de Monica Spear Mootz, ex-miss Venezuela, et de son compagnon Thomas Henry Berry, ont été retrouvés criblés de balles, dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 janvier. (MARK ST GEORGE/ REX / SIPA)

Au Venezuela, l'émotion soulevée par le double meurtre d'une ancienne reine de beauté et de son compagnon est grande. Dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 janvier, les corps criblés de balles de Monica Spear Mootz, Miss Venezuela 2004, et de son compagnon Thomas Henry Berry, un homme d'affaires européen, ont été retrouvés dans une voiture au bord d'une autoroute dans le nord du pays.

Originaire de la ville de Maracaibo (nord-ouest), la Miss, devenue actrice de telenovelas, Monica Spear Mootz, 29 ans, avait été élue en 2004. Son compagnon, âgé de 39 ans, est un homme d'affaires présenté par la presse comme étant de nationalité britannique ou irlandaise. Face à l'émotion suscitée par ce drame, le gouvernement étudie un plan d'urgence contre le crime.

Ce que l'on sait des circonstances

Les deux personnes retrouvées "à l'intérieur du véhicule dans lequel ils se déplaçaient" sur une autoroute de l'Etat de Carabobo, entre les villes de Puerto Cabello et Valencia, pourraient avoir été victimes d'un vol qui a mal tourné alors qu'elles passaient leurs vacances au nord du Venezuela. Leurs assassins "les ont massacrés froidement", a déclaré le président vénézuélien Nicolas Maduro en commentant ce double homicide, auquel a survécu la petite fille du couple, Maya Berry Spear, âgée de 5 ans, blessée mais dans un état stationnaire. Cinq personnes ont été arrêtées et interrogées par la police, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Miguel Rodriguez.

Selon le directeur de la police scientifique, la voiture transportant Monica Spear Mootz a été forcée de s'arrêter après avoir heurté un objet qui pourrait avoir été placé délibérément sur la chaussée. L'actrice a arrêté un semi-remorque pour demander de l'aide sur l'autoroute entre les villes de Puerto Cabello et Valencia, précise le directeur de la police scientifique. Cinq hommes armés ont surgi au moment où la voiture était en train d'être remorquée. Les remorqueurs ont alors fui vers un poste de police tandis que le couple et leur petite fille s'enfermaient dans la voiture. C'est alors que les tueurs ont "criblé la voiture de balles avant de s'enfuir", sans rien dérober aux victimes. 

La réaction des autorités

Ce drame, qui vient rappeler le bilan désastreux des autorités face à la violence au Venezuela, a conduit le président Maduro à réunir mercredi une centaine de responsables locaux, dont les gouverneurs et les maires des municipalités les plus menacées, pour étudier des mesures d'urgence contre la criminalité. "Quiconque viendra pour tuer sera reçu par une main de fer", a-t-il promis.

Le président a également appelé à ne pas exploiter politiquement cette affaire, dans un pays divisé entre les partisans nostalgiques de Chavez et les anti-Chavez. Les chiffres sur l'insécurité font régulièrement l'objet de polémiques entre les ONG et les autorités. Alors que le gouvernement annonçait cette réunion des autorités locales, des célébrités du monde du cinéma, du théâtre et de la télévision ont appelé à un rassemblement pour protester contre la violence mercredi à Caracas.

Le contexte particulier pour le pays

Le Venezuela est l'un des pays les plus dangereux d'Amérique latine, avec un taux d'homicides compris entre 39 pour 100 000 habitants en 2013 selon le ministère de l'Intérieur et 79 pour 100 000, selon l'Observatoire vénézuélien de la violence.

Les quelque 250 millions de dollars octroyés l'année dernière aux forces de police n'ont pas permis d'infléchir ces alarmantes statistiques. Et une évaluation officielle remontant à 2009 évoque la présence dans ce pays de 29 millions d'habitants de 9 à 15 millions d'armes, légales et illégales, alors que 40 000 permis de port d'arme ont été officiellement accordés.

Thème tabou à l'époque de Hugo Chavez (1999-2013), qui voyait surtout dans la criminalité la manifestation des inégalités sociales de son pays, l'insécurité est devenue une des principales préoccupations des Vénézuéliens ces dernières années. Dans les quartiers défavorisés des grandes villes, le trafic de drogue, les enlèvements, les vols à main armée et les règlements de comptes ne cessent de perturber la vie de ses habitants. Petare à Caracas ou La Matica à Los Teques (au nord du pays) font partie des zones où les policiers n'osent même plus patrouiller.

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