Embargo, prisonniers, voyages : ce qu'a annoncé Obama à propos du rapprochement avec Cuba
Barack Obama a appelé à l'ouverture d'un "nouveau chapitre" dans les relations diplomatiques des Etats-Unis avec Cuba.
"Todos somos americanos" ("Nous sommes tous Américains"), a déclaré Barack Obama, rappelant le célèbre "Ich bin ein Berliner" de Kennedy en 1963. Le président américain et son homologue cubain, Raul Castro, ont pris la parole simultanément, mercredi 17 décembre, pour annoncer une normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays, rompues depuis 1961.
Ce rapprochement intervient après "18 mois de discussions secrètes, organisées au Canada et encouragées par le pape François, qui a mis en place une dernière rencontre au Vatican", explique le New York Times (en anglais). Voici les principales annonces du président américain.
Des négociations sur la levée de l'embargo contre Cuba
Obama a affirmé qu'il voulait examiner avec le Congrès la levée de l'embargo contre Cuba. "Nous allons permettre des échanges bancaires, commerciaux, de marchandises. Je crois en la nécessité de permettre la liberté des flux de l'information", a affirmé le président américain.
Les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques officielles depuis 1961 et Cuba subit un embargo américain depuis 1962. "L'isolement de Cuba n'a pas fonctionné, il faut une nouvelle approche", a continué Obama, rappelant que "l'embargo imposé depuis un demi-siècle est l'objet d'une loi", et qu'il va falloir "entamer les négociations [politiques] pour la levée" de ces sanctions.
Barack Obama a toutefois prévenu que les discussions entre les deux pays seraient "longues". "No es facil" ("ce n'est pas facile"), a-t-il affirmé en citant un proverbe cubain.
"Cela ne veut pas dire que le [problème] principal, l'embargo économique, ait été résolu", a déclaré de son côté Raul Castro.
Des libérations de prisonniers
Le président cubain Raul Castro a annoncé que les trois Cubains libérés dans le cadre d'un échange de prisonniers avec les Etats-Unis étaient déjà revenus à Cuba. Gerardo Hernandez, Ramon Labañino et Antonio Guerrero, condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison pour espionnage, "sont arrivés aujourd'hui dans notre patrie", a déclaré le chef d'Etat cubain.
L'Américain Alan Gross a aussi été libéré par La Havane, après cinq ans d'emprisonnement. Ce dernier a atterri, mercredi, sur la base américaine Andrews. Le gouvernement cubain aurait aussi accepté de libérer 53 détenus politiques, selon un haut responsable américain, cité par l'agence Reuters.
La mise en place d'une coopération entre les deux pays
Barack Obama a annoncé le retrait prochain de Cuba sur la liste des pays soutenant le terroriste. "Des dignitaires de haut rang vont se rendre à Cuba" pour mettre en place une coopération entre les deux pays en matière de "lutte contre le terrorisme, d'économie, d'immigration et de santé", a affirmé le président américain. A ce titre, il a souligné l'importance du savoir cubain en matière de santé, rappelant que le pays avait découvert le vaccin contre la fièvre jaune.
La facilitation des voyages pour les familles cubaines
"Aujourd'hui, j'ai décidé d'alléger les conditions de voyage des familles cubaines qui vivent aux Etats-Unis vers Cuba, a annoncé Barack Obama. A travers ces rapprochements familiaux, nous allons faire en sorte que Cuba ne soit plus isolée."
Depuis cinquante ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré, pour la grande majorité aux Etats-Unis. Aux émigrés "politiques" des premières années de la Révolution ont succédé des milliers de d'émigrés "économiques", qui peinent à conserver des attaches avec leurs familles sur l'île.
L'administration américaine va assouplir les conditions d'octroi d'autorisation d'entrée à Cuba pour les Cubains résidant aux Etats-Unis. Mais les voyages touristiques d'Américains à Cuba resteront impossibles pour l'instant. La levée totale des restrictions aux voyages ne peut être décidée que par le Congrès.
L'ouverture d'une ambassade américaine à La Havane
"Nous allons rétablir une ambassade à La Havane", a annoncé Barack Obama, expliquant que "du personnel d'Etat de haut rang", allait se rendre dans la capitale cubaine. Plus tôt dans la journée, un responsable américain a affirmé que celle-ci devrait ouvrir "dans les mois à venir". Actuellement, les Etats-Unis n'ont qu'une section d'intérêts sur l'île.
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