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Photographiée de près, une tribu d'Indiens amazoniens peut-elle rester isolée ?

Les autorités du Pérou appellent à "ne jamais entrer en contact" avec ces communauté indigènes, après la diffusion d'images, mardi. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des membres de la tribu Mascho-Piro sont photographiés au téléobjectif pour la première fois, sur les berges de la rivière Alto Madre (Pérou), le 16 novembre 2011.  (DIEGO CORTIJO / REUTERS)

Ils fixent l'objectif, l'air supris et légèrement inquiet. Deux photos diffusées mardi 31 janvier montrent pour la première fois, de façon rapprochée, des membres de la tribu Mascho-Piro, une ethnie amazonienne vivant depuis des millénaires dans la forêt tropicale, au sud-est du Pérou. 

Ces clichés, publiés par l'ONG Survival International, ont été pris au téléobjectif par un archéologue, Diego Cortijo, sur les berges de la rivière Alto Madre, le 16 novembre 2011. Une autre photo, prise par une ornithologue italienne, Gabriella Galli, montre la même tribu, en août, sur la rive, d'un peu plus loin. 

Une centaine de peuples isolés dans le monde

Préoccupée par le fait qu'un simple touriste puisse approcher si près ces Amérindiens isolés, Gabriella Galli a transmis l'image à Survival International, qui lutte pour la protection des peuples autochtones. 

Depuis, les autorités environnementales du Pérou appellent à "ne jamais entrer en contact" avec ces communautés indigènes vivant coupées du monde extérieur. Elles sont estimées à une quinzaine dans les régions amazoniennes du pays, et à une centaine dans le monde. Un an plus tôt, c'est une communauté d’Indiens isolés au Brésil qui a avait été prise en photo lors d'un survol aérien de la zone.

Pas d'aliments, d'objets ou de vêtements en cadeau

Mariela Huacchillo, cadre du Service national des zones naturelles protégées (Sernanp), conjure "de ne jamais laisser d'aliments, d'objets, de vêtements en cadeau, comme le font parfois des habitants ou des visiteurs pour inciter au contact". Deux raisons justifient cette mise en garde : non seulement cela peut être porteur de virus qui peuvent être fatals aux Indiens, mais cela peut aussi s'avérer dangereux pour ceux qui s'y risquent. Ces communautés s'efforcent en effet de rester à l'écart du monde extérieur.

En octobre 2011, la Sernanp a rapporté le cas d'un garde-forestier légèrement blessé par une flèche sans pointe, "un avertissement", pour s'être approché d'une zone où vivent une de ces tribus, dans la région de Madre de Dios. 

"Farouche désir de rester isolés"

Plus grave, Survival International évoque de son côté la mort d'un habitant de Madre de Dios vivant non loin des Mascho-Piro, qui aurait été tué par "une flèche d'un Indien isolé" en novembre 2011. Selon l'ONG, Nicolás 'Shaco' Flores avait l’habitude, depuis plus de vingt ans, de déposer près de chez lui de la nourriture et des cadeaux pour cette tribu. "Dans ce tragique incident, les Mashco-Piro ont exprimé leur farouche désir de rester isolés", commente sur son blog l'anthropologue Glenn Shepard, ami de la victime.

Car isolés, ces indigènes le sont de moins en moins. Pour Survival, les Mascho-Piro "ont été aperçus anormalement à plusieurs reprises ces derniers mois". En cause, selon l'ONG, l'exploitation forestière illégale, ainsi que le survol à basse altitude d’hélicoptères des concessions pétrolières et gazières voisines. Selon les autorités du parc naturel de Manu, le bruit effraierait les animaux et rendrait la chasse beaucoup plus difficile pour la tribu, obligée de se déplacer pour survivre.

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