Suriname: le clan Bouterse et ses trafics
Desiré Delano Bouterse, alias Desi Bouterse, a eu maille à partir avec la justice néerlandaise qui l’a condamné par contumace en 2009 à 11 ans de prison pour narcotrafic.
Dans la famille Bouterse, il y a aussi le fils, Dino. Condamné en mars 2015 par la justice américaine, il purge 16 ans de prison aux Etats-Unis pour «tentative de soutien au Hezbollah libanais, complot pour importer de la cocaïne et port d'arme à feu en liaison avec ce complot». Un comble pour ce délinquant, néanmoins ex-directeur de l’antiterrorisme au Suriname. Dino Bouterse avait en effet été nommé à ce poste par son père après avoir été libéré pour bonne conduite dans une autre affaire de drogue.
Les condamnations du clan Bouterse rappellent au monde que ce pays d'Amérique du Sud, ancienne colonie néerlandaise jusqu’en 1975, est mouillé dans ces trafics mais dans bien d’autres combines, comme le blanchiment d'argent ou d'exploitation illégale de mines d'or.
Plaque-tournante de la cocaïne dans les années 90
Comme le précise RFI dans son remarquable webdoc Suriname et cocaïne, qui raconte l’histoire de ce pays, «sa position sur la façade atlantique, la présence d'une importante communauté surinamienne aux Pays-Bas, et l'implication de hauts responsables de l'armée du Suriname ont permis aux cartels de s'ouvrir aux marchés européens de la drogue. Dans les années 1990, 60% de la cocaïne en circulation en Europe a transité par ce pays».
Coincé entre le Brésil, la Guyane française et le Guyana, le Suriname compte quelque 539.000 habitants disséminés sur 163.000 km², dont 85% de jungle. Sa diaspora – 250.000 personnes – vit essentiellement aux Pays-Bas.
Une dictature amazonienne
Desi Bouterse est arrivé au pouvoir après deux coups d'Etat. Il a dirigé d’une main de fer un régime militaire de 1980 à 1987 puis de 1990 à 1991.
Il a ensuite été élu président en 2010, grâce à une alliance Mega Combinatie (la Mega combinaison) contractée avec son ennemi d’antant, Ronnie Brunswijk. En 2012, Desi Bouterse a fait voter une loi d’amnistie, s’offrant ainsi l’immunité, notamment dans le cadre des poursuites pour meurtres de 15 opposants en 1982.
Dans la foulée de son élection, Interpol a levé son mandat d’arrêt international le temps de son mandat présidentiel. C’est ainsi que Désiré Bouterse, qui n’est pas désiré partout, a pu sillonner l’Amérique en tant que chef d’Etat. On l’a même vu discourir au siège de l’ONU, à New York.
Trois candidats-Président
Alors que le 25 mai 2015, les Surinamiens vont choisir parmi trois candidats leur nouveau président pour un mandat de cinq ans, Dési Bouterse est donné favori avec le Parti national démocratique.
Bien qu’il aura cette fois comme concurrent Ronnie Brunswijk, du Parti pour la libération générale et le développement, et Chan Santokhi, du Parti réformiste progressiste (coalition de plusieurs formations d’opposition), il s’apprête déjà à rempiler pour le poste. Un nouveau mandat présidentiel lui assurerait à moyen terme un avenir radieux, loin des Pays-Bas et de leurs tribunaux.
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