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Sri Lanka : ce que l'on sait des explosions qui ont frappé des hôtels et des églises en plein dimanche de Pâques

Trois hôtels de luxe – le Shangri-La, le Cinnamon Grand et le Ceylon International – ont notamment été visés à Colombo, la capitale du pays. Plus de 290 personnes sont mortes.

Article rédigé par franceinfo
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Une vue de l'intérieur du sanctuaire de Saint-Antoine, célèbre église catholique, à Colombo, au Sri Lanka, le 21 avril 2019.  (CHAMILA KARUNARATHNE / ANADOLU AGENCY / AFP)

Le bilan est particulièrement lourd, dimanche 21 avril, après une série d'attaques d'une violence exceptionnelle au Sri Lanka. Des explosions coordonnées ont eu lieu dans la matinée dans plusieurs hôtels de luxe et des églises où était célébrée la messe de Pâques.

Quelques heures après ces premières attaques, deux nouvelles explosions ont été entendues dans un autre hôtel et un lieu indéterminé, dans des villes situées en banlieue de Colombo, la capitale du pays. On compte pour l'heure 290 morts et plus de 500 blessés, selon un bilan actualisé, lundi, par la police sri lankaise. Cette vague d'attentats n'a toujours pas été revendiquée. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait sur cette série d'explosions.

Où ont eu lieu les attaques ? 

Au total, huit lieux ont été visés par des explosions coordonnées dans la matinée du dimanche 21 avril. Une série de déflagrations s'est d'abord produite dans plusieurs églises où les fidèles assistaient à la messe de Pâques. La première a eu lieu à l'église Saint-Anthony, à Katuwapitiya, au nord de Colombo, puis dans l'église Saint-Sébastien de Negombo, une ville à majorité catholique, au nord de Colombo. L'église évangélique de Batticaloa, dans l'est de l'île, a également été touchée.

Les explosions ont également visé trois hôtels de luxe de la capitale, situés en front de mer : le Shangri-La Colombo, le Kingsbury Hotel et le Cinnamon Grand Colombo. 

Une nouvelle explosion s'est produite un peu plus tard, en début d'après-midi, dans une maison d'hôtes de Dehiwala, une banlieue du sud de Colombo. 

Enfin, une huitième explosion a retenti en début d'après-midi alors que des policiers fouillaient un bâtiment à Orugodawatta, une banlieue du nord de Colombo. 

Combien y a-t-il de victimes ? 

Au moins 290 personnes ont été tuées. Le nombre exact d'étrangers tués "est difficile à déterminer. Autour de 37 sont morts, sur lesquels 11 ont été identifiés. Certains des corps sont mutilés et il est compliqué de les identifier", a déclaré à l'AFP un responsable des Affaires étrangères. Trois policiers sont morts alors qu'ils effectuaient une intervention à Orugodawatta, après un attentat-suicide. 

Parmi les étrangers, un jeune Portugais d'une trentaine d'années a été tué alors qu'il se trouvait dans l'un des hôtels pris pour cible à Colombo, a indiqué la consule du Portugal sur place. Les autres Portugais présents au Sri Lanka "vont tous bien", a-t-elle précisé. Trois Danois sont également morts, a annoncé le ministre des Affaires étrangères du Danemark. Le secrétaire d'Etat des Etats-Unis a ajouté que "plusieurs citoyens américains" se trouvaient parmi les victimes. Le groupe Press Association a, lui, annoncé que cinq Britanniques figuraient parmi les morts. 

Le bilan pourrait encore s'aggraver car on dénombre plus de 500 blessés dans ces attaques, d'après les hôpitaux locaux. 

Quelles sont les réactions ? 

Toutes les célébrations de Pâques ont immédiatement été annulées dans le pays. Les écoles resteront fermées lundi et mardi, a fait savoir le ministre de l'Education. Le président sri lankais a rapidement ordonné le déploiement de l'armée dans les points sensibles de la capitale, dont l'aéroport international de Colombo. Un couvre-feu a été établi par les autorités à partir de 18 heures, heure locale. L'accès aux réseaux sociaux et aux services de messagerie, dont Facebook et WhatsApp, a été interrompu par le gouvernement pour lutter contre les fausses informations. 

Le Premier ministre sri lankais a fustigé des "attaques lâches" et appelé le pays à l'unité tandis que le ministre des Finances parle sur Twitter d'une "tentative coordonnée pour provoquer des meurtres, le chaos et l'anarchie". 

Sur place, une journaliste précise que de nombreuses personnes se pressent pour donner leur sang. 

Sur Twitter, l'ambassade de France au Sri Lanka a, elle, exhorté ses ressortissants à se tenir "éloignés des lieux publics" et à éviter "tout déplacement".

Lors de sa traditionnelle bénédiction à la foule depuis Rome, le pape François a exprimé sa "tristesse" et s'est déclaré proche de "toutes les victimes d'une si cruelle violence". 

Emmanuel Macron a condamné "fermement" des "actes odieux" et a dit sa "solidarité avec le peuple sri lankais"

Ces attentats ont-ils été revendiqués ? 

Les attaques n'ont pas encore été revendiquées mais le chef de la police nationale avait alerté ses services il y a dix jours à propos d'un mouvement islamiste appelé NTJ (National Thowheeth Jama'ath) qui projetait "des attentats-suicides contre des églises importantes et le Haut Commissariat de l'Inde", la représentation diplomatique indienne à Colombo.

De leur côté, les associations chrétiennes disent être confrontées à des manœuvres d'intimidation de plus en plus appuyées de la part de certains moines bouddhistes extrémistes ces dernières années. Les tensions interreligieuses ont en effet augmenté sur l'île : l'an dernier, des heurts ont éclaté entre la communauté bouddhiste cingalaise, majoritaire dans le pays, et la minorité musulmane.

Le président sri lankais a chargé une unité spéciale de la police et de l'armée d'enquêter pour déterminer les auteurs de ces attentats. Vingt-quatre personnes ont été arrêtées, a annoncé la police sri lankaise. "Jusqu'ici, les noms que nous avons sont locaux" mais les enquêteurs cherchent à savoir s'ils ont d'éventuels "liens avec l'étranger", a déclaré dans une allocution télévisée le chef de gouvernement, sans donner davantage de précisions.

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