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Bangladesh : 30 millions de dollars pour indemniser les victimes du Rana Plaza

Deux ans après le drame de l’immeuble du Rana Plaza à Dacca, au Bangladesh, les victimes vont être indemnisées. L’Organisation internationale du travail (OIT), organisme dépendant de l’ONU, a rassemblé 30 millions de dollars. Des indemnités versées par les grands groupes textiles mondiaux impliqués.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
De l'immeuble, il ne reste plus rien. Dans cet atelier de couture de Dacca, 1100 ouvriers ont trouvé la mort. (Anik Rahman/Nurphoto)

La barre des 30 millions de dollars a été franchie. C’était la somme à atteindre pour garantir à l’ensemble des victimes une indemnité juste et équitable, selon les conventions de l’OIT. 70% des sommes promises ont déjà été versés aux 2800 plaignants et les paiements en attente vont pouvoir être soldés (le texte de l’accord en anglais).
 
«C’est une étape, a déclaré le directeur général de l’OIT, Guy Rider. Mais nous avons encore beaucoup de questions à régler», a-t-il poursuivi. «Nous devons maintenant travailler ensemble pour veiller à ce que de tels accidents puissent être évités à l’avenir et qu’un système national d’assurance des accidents du travail soit instauré afin que les victimes de tout éventuel accident soient rapidement et équitablement indemnisées et prises en charge.»

1130 morts et 2000 blessés 
En effet, le Bangladesh ne dispose pas encore d’un régime national d’indemnisation des accidents du travail. L’OIT est partie prenante avec le gouvernement et les organisations d’employeurs et de travailleurs dans l’élaboration d’un système d’assurance.
 
En 2013, l’effondrement d’un immeuble qui abritait un atelier de confection a provoqué la mort de 1130 ouvriers et fait plus de 2000 blessés. Les accidents industriels sont fréquents et meurtriers dans cette région du monde.
 
Ainsi, l’enquête sur l’accident du Rana Plaza a démontré que d’importantes fissures étaient apparues la veille du drame sur le bâtiment. Malgré tout, l'activité de l'atelier n’avait pas été arrêtée. Au total, 42 personnes sont poursuivies par la justice, dont le propriétaire Rohel Rana, qui risque la peine de mort. Il avait été interpellé après quatre jours de fuite, alors qu’il tentait visiblement de rejoindre l’Inde.
 
Près de quatre millions de personnes travaillent dans l’industrie du textile au Bangladesh pour des salaires très bas (35 euros par mois) et des conditions de travail souvent dramatiques. Le drame du Rana Plaza a provoqué une immense onde de choc à travers le monde. Les grands groupes textiles ont été mis en accusation. On leur reproche, en cherchant le plus grand profit, de tirer les salaires et les conditions de travail vers le bas.

Deux ans de procédure 
Il aura fallu plus de deux ans pour rassembler les 30 millions de dollars. Il s’agissait de faire payer les donneurs d’ordres. Souvent, ils ont été accusés de traîner des pieds. Ainsi, le 24 avril 2015, des militants commémoraient le deuxième anniversaire du drame, en manifestant devant Benetton, boulevard Haussman à Paris. Le groupe textile italien était accusé d’être lent et «radin» en ne versant que 1,1 million de dollars au fonds d’indemnisation.
 
Le groupe Auchan lui a versé 1,5 million de dollars dès 2014. Il a créé une fondation à vocation sociale et médicale dans le pays, et lancé un plan de lutte contre la sous-traitance opaque, rapporte Le Monde. Malgré tout, des associations continuent de poursuivre le groupe français, en particulier pour pratiques commerciales trompeuses. Selon ces associations, le groupe faisait fabriquer des vêtements au Rana Plaza, ce que récuse Auchan.
 

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