Cet article date de plus de dix ans.

Comment des milliers d'internautes traquent le Boeing disparu de la Malaysia Airlines

Article rédigé par Gaël Cogné
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un visiteur observe une carte météo à l'aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie, le 18 mars 2014. (SAMUEL SAID / REUTERS)

Des milliers d'internautes tentent de participer aux recherches en scrutant des images satellites ou en partageant des raisonnements plus ou moins inspirés.

Un premier tweet : "Je ne suis pas une experte mais vu de près cela ressemble à un avion et des traces de carburant". Puis : "Vraiment ? Regardez de plus près. C'est à environ un mile de Pulau Perak où ils ont dit qu'ils avaient tracé l'avion pour la dernière fois".

 

 

En deux tweets, la rockeuse Courtney Love est devenue le symbole de toute une communauté d'internautes, mardi 18 mars. Loin des bateaux militaires ou des avions de surveillance au matériel ultra-sophistiqué, ils cherchent nuit et jour le Boeing disparu de la Malaysia Airlines avec un écran, une souris et des heures à perdre.

Francetv info fait le tour des méthodes qu'ils emploient pour tenter de percer le mystère du vol MH370.

Méthode numéro 1 : scruter les images satellites

C'est la "méthode Courtney Love". Enfin celle de nombreux internautes, aussi. D'ailleurs, certains avaient déjà repéré sur le site participatif Reddit trois jours avant la chanteuse cette coulée huileuse. La méthode consiste à scruter des images satellites, une par une. Pour cela, il existe un outil, Tomnod. Il est issu d'un projet participatif conduit par DigitalGlobe, une compagnie du Colorado spécialisée dans l'imagerie spatiale. DigitalGlobe propose, pour le moment (car elles continuent d'arriver), 24 000 km2 d'images haute définition récentes. Des images comme celle présentée par Courtney Love. Voici comment cela se présente :

 

  (TOMNOD / DIGITAL GLOBE)

Les utilisateurs – ils sont plus de 3 millions – sont invités à explorer ces immensités. S'ils repèrent une trace suspecte sur une image représentant la surface d'un pâté de maisons, ils peuvent en avertir la plateforme. Si nombre de signalements portent sur une même image, des experts se penchent dessus.

Certes, "il y a peu de chance pour que cet effort permette de retrouver le vol disparu de Malaysia", a expliqué à l'AFP Lea Shanley, une spécialiste du crowdsourcing. Mais "il pourrait aider à identifier les zones où il n'est pas, permettant ainsi aux analystes professionnels et aux enquêteurs de gagner du temps". Pour être plus efficaces, des participants partagent aussi leurs découvertes sur Reddit.

Méthode numéro 2 : spéculer pour réduire le champ des recherches

De nombreux internautes jouent aux enquêteurs en tentant de creuser plus avant les différents scénarios du crash, à partir des éléments donnés par les autorités. Parmi les hypothèses évoquées : le détournement de l'appareil. Le système de communication codé a été volontairement coupé au moment où l'avion a disparu des radars, dans la nuit du 7 au 8 mars. 

Pour tenter de le retrouver, les enquêteurs se basent sur le dernier signal envoyé (à 8h11) par le Boeing à un satellite. Le satellite n'a pas pu donner une position exacte, ni la direction qu'empruntait l'avion, mais il a permis de déduire deux arcs de cercle et deux corridors, représentés notamment par le New York Times

 

 

Partant de l'hypothèse que l'avion aurait pu être détourné et voler pendant 2 200 miles nautiques, les journalistes de la radio WNYC ont répertorié les pistes accessibles à l'appareil et suffisamment longues pour qu'il puisse s'y poser. Ils ont dressé la carte de 634 pistes.

Plus fin, Foreign Policy est parti de l'hypothèse que l'avion ne passerait pas inaperçu en atterrissant dans un aéroport international ou une base militaire. Le magazine a listé 60 pistes d'atterrissages discrètes. Voici leur carte :


View Airfields in MH 370's potential range in a larger map

Reste que l'avion a pu se poser sur une route ou même une piste de terre battue.

 Méthode numéro 3 : compiler les témoignages (plus ou moins éclairés)

Les internautes ne se contentent pas de fouiller, ils débattent, comme on peut le voir sur ce chat ou dans ce post de Reddit. "L'événement sismique relevé par les radars chinois peut-il avoir été provoqué par un crash ?", s'interroge l'un. "Quelle profondeur atteint l'océan Indien ?", demande un autre. Un troisième affirme que la Chine voulait enlever un groupe de chercheurs à bord.

Sur le Twitter chinois, Sina Weibo, des utilisateurs discutent de théories plus ou moins farfelues. "Il a peut-être été heurté par une météorite ?", écrit l'un d'entre eux cité par Reuters. "Cela aurait provoqué un impact plus puissant que [s'il avait été frappé par] un missile et aurait fendu l'avion en petits morceaux. Tout aurait eu lieu si vite."

Plus troublant, un Néo-Zélandais travaillant sur une plateforme pétrolière en mer de Chine, entre les côtes vietnamiennes et malaisiennes, a dit avoir vu l'appareil brûlant à haute altitude, selon The Atlantic. Le site publie une photo du mail et explique que des recherches ont été menées. Sans succès.

Certains témoignages très étayés font mouche, comme celui de Chris Goodfellow publié sur Google +. Cet ancien pilote se demande si, peu après le décollage, les pilotes n'ont pas affronté un incendie, juste après avoir salué les autorités malaisiennes.
 
Tandis que la fumée envahissait le poste de pilotage, le pilote aurait tourné l'appareil vers la piste la plus proche, Pulau Langkawi, ce qui expliquerait le virage à gauche. Il aurait programmé le pilote automatique et coupé les appareils pour ne pas propager le feu, d'où la rupture des communications. En cas d'urgence, les pilotes doivent "piloter, naviguer, communiquer", dans cet ordre. Ils n'auraient pas eu le temps d'envoyer un message de détresse, asphyxiés par le fumée. L'appareil aurait alors poursuivi son vol, sur pilote automatique, jusqu'à épuisement du carburant. Une explication plutôt convaincante, du moins pour un enquêteur amateur.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.