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Enquête sur le vol MH370 : "Grâce aux courants, le débris de La Réunion a très bien pu parcourir 5 000 km"

Jérôme Vialard, directeur de recherches au laboratoire d'océanographie de Jussieu-Paris répond aux questions de francetv info après la découverte d'un débris d'avion sur le littoral de La Réunion. 

Article rédigé par Fabien Magnenou - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des gendarmes et des policiers sur la plage où a été découvert un débris d'avion, mercredi 29 juillet 2015, à Saint-André, sur l'île de La Réunion. (REUTERS)

S'agit-il de la première trace de l'avion de la Malaysia Airlines disparu l'année dernière ? Alors que le débris d'avion découvert mercredi à La Réunion doit être transféré en métropole, Jérôme Vialard, interrogé jeudi 30 juillet, juge plausible l'hypothèse d'un fragment issu du Boeing du vol MH370, disparu en mars 2014.

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Directeur de recherches au laboratoire d'océanographie et du climat de Jussieu-Paris, le chercheur précise toutefois qu'il sera très difficile de localiser, avec précision, la zone éventuelle du crash.

Francetv info : Un débris d'avion peut-il dériver pendant 5 600 km ?

Jérôme Vialard : Davantage que la masse, c'est la prise au vent qui est importante. Si l'objet dépasse beaucoup de la surface de l'eau, l'influence du vent sera importante. Si l'objet flotte en grande partie immergée, la masse ne va pas jouer un grand rôle sur la dérive. A priori, dans le cas d'un fragment d'aile, la prise au vent est limitée. Une vitesse de 10 cm/s est tout à fait cohérente, d'après nos connaissances sur la circulation océanique.

FRANCETV INFO

Le dernier signal de l'avion a été enregistré au nord de Kuala Lumpur (Malaisie). Serait-il cohérent de retrouver un débris à La Réunion ?

Nous savons qu'il existe deux systèmes de courants autour de La Réunion : le courant sud-équatorial indien, qui coule vers l'Ouest depuis la région de l'Australie et de l'Indonésie. Et un courant d'Est, plus au Sud : le contre-courant sud-équatorial indien. Mon collègue Stéphane Pous vient de publier un article sur les courants autour de La Réunion. J'ai pris en compte sa modélisation et je pense que dans ce cas, il faut exclure le contre-courant sud-équatorial. L'avion viendrait plutôt de l'Est, de la région de l'Australie, de l'Indonésie ou même du détroit indonésien. Ce qui semble cohérent avec la zone de recherches du MH370, à l'ouest de l'Australie.

Exemple d'un bulletin de Mercator, au 5 août (prévisions à 6 jours) :

MERCATOR OCEAN

A partir d'un débris, peut-on remonter jusqu'à la zone du crash ?
 
Certains chercheurs, comme mon collègue Robert Blanke à Brest (Finistère), travaillent sur des outils permettant de calculer le transport de particules à travers l'évolution des courants. En effet, c'est une option possible pour remonter jusqu'aux accidents. Dans ce cas, je pense au centre d'analyse Mercator. Cette structure opérationnelle rassemble toutes les observations disponibles sur les océans, et peut donc dresser l'équivalent de prévisions météo, mais dans le domaine océanographique. Elle sera sans doute contactée ou même volontaire dans ce dossier.
 
Le modèle numérique du centre d'analyse Mercator permet de prévoir les circulations dix jours à l'avance, mais ils peuvent aussi reconstruire, à rebours, la circulation observée sur les dix ou quinze dernières années. Si un débris est arrivé à telle date à La Réunion, il est donc possible, en théorie, de remonter jusqu'à la zone du crash éventuel.
 
Et dans ce cas ?
 
Si l'avion tombe à un endroit, en théorie, tous les fragments devraient arriver au même endroit. Mais ce n'est pas si simple. L'océan est plein de petits tourbillons, de 25 ou 50 km, associés à des courants assez forts. Des objets qui traversent une région de tourbillons peuvent donc arriver à des endroits différents. Ils vont se disperser au fil du temps.
 
Prenons le débris de La Réunion : il faut prévoir des centaines, voire des milliers de calculs, en prenant en compte toutes les coordonnées proches du fragment d'aile. Cette zone risque d'être immense, car les objets ont été affectés par des tourbillons pendant 500 jours. Les choses auraient été différentes si des débris avaient été découverts peu après le crash.

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