En Corée du Sud, la présidente fait face à une grave crise politique à cause de ses relations avec une étrange chamane
Choi Soon-Sil, l'ancienne confidente de la cheffe d'Etat, a été placée en garde à vue pour fraude et abus de pouvoir. Cette fille d'un gourou est soupçonnée d'avoir influencé Park Geun-Hye.
La présidente de la Corée du Sud, Park Geun-Hye, pourra-t-elle résister au séisme politique qui secoue son pays ? Rien n'est moins sûr, à en croire la colère grandissante de l’opinion et les déclarations de son Premier ministre. Ce dernier a prévenu que la présidente pourrait faire l'objet d'une enquête après une série de révélations sur son ex-confidente, Choi Soon-Sil, et sa potentielle influence sur la cheffe d'Etat. Franceinfo revient sur cette étrange affaire.
Une confidente surnommée "Raspoutine"
Au cœur du scandale se trouve une certaine Choi Soon-Sil, femme d’affaire de 60 ans surnommée "Raspoutine" par les médias. Cette amie de 40 ans de la présidente, qui n'occupe aucun poste officiel et n'avait aucune habilitation en matière de sécurité, est soupçonnée d'avoir eu son mot à dire sur les discours présidentiels, d'avoir eu accès à des documents confidentiels et d'avoir profité de son entregent pour son enrichissement personnel.
D’autres éléments de la biographie de Choi Soon-Sil troublent l’opinion. Elle est la fille de Choi Tae-min, marié six fois et gourou de la secte "l’Eglise de la vie éternelle". Ce dernier s'était rapproché de Park Geun-Hye avant qu’elle ne devienne présidente, en lui racontant, dès 1975, être en relation avec l’esprit de sa défunte mère.
Des accusations de fraude
D’après un câble diplomatique de l’ambassade américaine de 2007 révélé par WikiLeaks, il aurait eu à l’époque "le contrôle total du corps et de l’esprit" de Park Geun-Park, rapporte Le Monde. Choi Soon-Sil serait l’héritière de ses pouvoirs "chamaniques", selon son père. Elle deviendra la confidente de Park Geun-Hye pendant toute son ascension politique jusqu’à son entrée à la Maison bleue, nom de la présidence sud-coréenne.
Lundi 21 octobre, Choi Soon-Sil a été placée en garde à vue après son retour d'Allemagne, où elle avait fui en septembre. Elle fait l'objet d'une demande d'arrestation formelle pour fraude et abus de pouvoir. "J’ai commis un péché qui mérite la mort", a lancé Choi Soon-Sil devant le bureau du procureur. Elle se serait servie de ses liens d'amitié avec la présidente pour contraindre des groupes comme Samsung à verser à des fondations de grosses sommes d'argent, utilisées ensuite à des fins personnelles.
Vers une enquête sur leurs relations ?
Après ces révélations, la colère a gagné l’opinion coréenne. Mardi 1er novembre, un homme de 45 ans a été arrêté après avoir attaqué avec une pelleteuse un bureau du ministère public à Séoul. Il a déclaré à la police, qu’il entendait ainsi "aider Madame Choi à mourir, comme elle a dit qu’elle avait commis un péché mortel".
Pour surmonter cette crise, la présidente a fait le ménage dans son entourage. Mercredi 2 novembre, elle a notamment limogé son Premier ministre. Mais ces changements risquent de ne pas contenir la grogne. D’autant que le nouveau premier ministre, Kim Byong-Joon, a estimé qu’"il est légalement possible d'interroger et d'enquêter sur" un président en exercice.
Le ministre de la Justice Kim Hyun-Woong a lui aussi jugé que le parquet pouvait entendre Park Geun-Hye en fonction des nécessités de l'enquête. L'opposition dénonce un écran de fumée et réclame une enquête exhaustive sur les relations entre la présidente et Choi Soon-Sil.
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