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Kazakhstan: adieu l'alphabet cyrillique, bonjour l'alphabet latin

L'idée n'est pas neuve au Kazakhstan mais elle fait son chemin: le remplacement de l'alphabet cyrillique par l'alphabet latin devrait permettre à ce pays d'Asie centrale d'entrer de plain-pied dans la modernité. C'est en tout cas le but affiché de la réforme d'envergure lancée le 12 avril 2017 par le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, 76 ans. Un calendrier se met en place.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
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Des documents écrits en cyrillique à un poste frontière russo-kazakhe, le 29 mars 2017. (Aleksandr Kondratuk / Sputnik / AFP)

Dans un premier temps, une nouvelle norme pour l'alphabet kazakh devrait être appliquée avant fin 2017. Pour ce faire, universitaires et représentants de la société publique seront consultés. Ensuite, les plus jeunes des quelque 17,5 millions d'habitants de la République du Kazakhstan devraient dès 2018 recevoir des leçons d'alphabet latin.

«A partir de 2018, le Kazakhstan doit entraîner des spécialistes pour enseigner le nouvel alphabet et produire des livres de classe pour l'enseignement secondaire», explique le président Noursoultan Nazarbaïev, déterminé à voir aboutir sa réforme d'ici à 2025. Cette année-là, selon lui, le Kazakhstan basculera définitivement vers l'alphabet latin.


L'alphabet latin déjà utilisé sous l'ère soviétique
La langue kazakhe, un idiome turcophone, utilise une version modifiée de l'alphabet cyrillique de 42 caractères. Le Kazakhstan avait déjà utilisé l'alphabet latin à l'époque de l'Union soviétique, avant de basculer en 1940 à l'alphabet cyrillique de son voisin et allié russe.

Mais de l'avis même des autorités du pays, le kazakh version cyrillique n'est pas adapté à la mondialisation. Sa latinisation pourrait aider à son émancipation, selon des linguistes du pays.

Ainsi, Phazyljanova Anar Mouratkyzy, sous-directrice de l’institut linguistique A.Baïtoussynov d'Astana, est formelle. «Pour les jeunes, l’alphabet latin représente la qualité et la modernité. Ils l’associent aux grandes marques internationales qui l’utilisent, comme Samsung, par exemple, qu’on ne voit jamais écrit en coréen», dit-elle, citée par Samuel Bleynie sur le site du Centre universitaire de journalisme de Strasbourg.

La querelle des anciens et des modernes
Il reste que le chantier est gigantesque et risque de coûter très cher, notamment en raison de l'indispensable transposition des écrits déjà existants.

La querelle des anciens et des modernes pourrait s'envenimer, d'autant plus que, toujours dans le but de sortir de l'isolement, le ministère de l'Education kazakh a lancé ces dernières années plusieurs programmes visant à élargir l'apprentissage de l'anglais, suscitant des critiques des défenseurs de la langue kazakhe.

Dans les universités cependant, les étudiants, conscients de la nécessité absolue de posséder l'anglais pour réussir à l'international, ont depuis longtemps choisi d'apprendre la langue de Shakespeare.

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