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Le deux-roues au Vietnam, symbole de développement et défi écologique

Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Il y a 20 ans, les villes vietnamiennes vivaient au rythme d’un fleuve ininterrompu de cyclistes. Aujourd’hui, avec l’augmentation du niveau de vie due à une croissance en progression régulière (près de 6% en 2014), le fleuve s’est transformé en torrent vrombissant. Deux-roues (principalement), voitures et bus se disputent le bitume. Et saturent les routes et l’air ambiant.

A tel point que le département des Transports d’Hô Chi Minh, l'ancienne Saïgon, veut imposer des mesures drastiques pour limiter le trafic : réduire le nombre de licences autorisées pour les taxis et taxer lourdement quiconque veut acquérir un nouveau véhicule (automobile, motocyclette). Mais aussi interdire l’entrée de la mégapole du Sud aux véhicules à certaines heures et certains jours. Les transports en commun (bus, taxis et motos-taxis), les trottoirs et les artères sont saturés dans cette ville de 10 millions d’âmes.

La capitale Hanoï n'échappe pas au phénomène. En 10 ans, la grande sœur communiste du nord (6 millions d'habitants) a vu sextupler le nombre des cyclomoteurs à 3,7 millions et multiplier par 30 son parc automobile : ainsi, les voitures particulières pourraient rapidement envahir les rues à mesure que le niveau de vie des Vietnamiens augmente.

Aujourd’hui, une petite lueur d’espoir se profile pour décongestionner ces deux pôles extrêmes d'un même pays : en l'occurrence, la construction de deux métros, prévus pour 2018 et 2019. En attendant, surtout à Hanoï, un nouveau phénomène gagne du terrain, le vélo électrique. Un début de révolution écolo dans un océan de pétarades.

Onze photos prises dans ces deux villes en janvier 2015 illustrent ce propos.

Surtout aux heures de pointes, par 32 degrés, les décibels et les odeurs suffocantes des pots d'échappement saturent l'air. Une vague de deux-roues ondule dans les rues à moins de 30 km/h. Si les feux de signalisation existent, ils sont peu respectés. Chacun connaît les codes de circulation, du piéton au bus, et finit pas se frayer un chemin dans ce long ruban. (Catherine Le Brech)
Il n'est pas rare de voir plusieurs personnes sur le même scooter transportant des objets volumineux. Cet écran plat arrivera probablement à bon port, tant les Vietnamiens sont habitués à transporter d'énormes charges sur leurs scooters. (Catherine Le Brech)
Le deux-roues n'est pas limité à une seule personne. Les familles, qui s'endettent sur des années pour s'en offrir un, s'y installent parfois à trois ou quatre, faisant fi de toutes les règles de sécurité. Depuis peu, le casque est obligatoire. Il ne serait pas homologué en France. Il n'est pas rare de voir les adultes en porter et pas les enfants. «Environ 98% des familles vivant à Hô Chi Minh possèdent au moins une motocyclette», selon le «Viêt Nam News» du 9 janvier 2015. (Catherine Le Brech)
Les motos stationnent sur les parkings payants et surveillés installés sur les trottoirs. En 2010, l’ancienne Saïgon comptait 4,89 millions de véhicules particuliers (4,45 millions de motos et 440.000 voitures), selon les chiffres communiqués le 9 janvier 2015 par le «Viêt Nam News». En 2014 (chiffres arrêtés en novembre), il y en avait 6,95 (6,37 millions de motos et 580.000 voitures). (Catherine Le Brech)
A quelque 130 km au sud-ouest d'Hô Chi Minh, sur la mer de Chine, la petite ville balnéaire Vung Tau. Ici, comme ailleurs, le deux-roues est essentiel à l'économie du pays. Et nombre d'activités y sont entièrement liées. La solidité des engins, qui croulent ou traînent des poids inimaginables, est mise à rude épreuve. (Catherine Le Brech)
La multiplication des motocylettes implique qu'elles soient en état de rouler. Il est courant de voir des deux-roues affichant plus de 100.000 kilomètres au compteur. Les pannes sont fréquentes, mais les garagistes sont légion. Là encore, les trottoirs font office d'atelier. (Catherine Le Brech)
La circulation est une des premières cause de pollution de l'air au Vietnam, où un voile grisâtre assombrit régulièrement le ciel des grandes villes. Ainsi, la qualité de l'environnement urbain serait l'une des dix plus mauvaises au monde. Les conducteurs tentent d'échapper aux particules fines avec force masques et filtres. (Catherine Le Brech)
Le scooter électrique prend le pas sur son homologue à essence, plus coûteux en énergie et plus polluant: le prix du litre était de 21.000 dongs (un peu moins d'un euro) en janvier 2015. Le salaire moyen en ville est d'envion 110 euros (70 euros dans les campagnes). Au milieu du brouhaha ambiant, ces deux-roues envahissent la ville. (Catherine Le Brech)
Certes propres, les engins électriques ont un inconvénient, ils sont silencieux. Donc, peuvent être à l'origine d'accidents. La Sécurité routière vietnamienne fait état d’une multiplication des accidents de deux-roues, faute d’infrastructures suffisantes pour réguler le trafic. L'organisme a recensé en 2014 quelque 25.322 accidents (8996 morts et 24.440 blessés, tous véhicules confondus). Sur la même année, la France métropolitaine en a compté 57.800 (3.300 tués et 72.406 blessés). (Catherine Le Brech)
Pour lutter contre la crise des transports urbains, la ville d'Hô Chi Minh va se doter d'un métro, qui doit être inauguré en 2018. Les Japonais ont raflé le marché de sa construction. A Hanoï, l'Agence française de Développement finance la ligne pilote qui devrait fonctionner en 2019 pour un coût total estimé à quelque 1,3 milliard d'euros. (Catherine Le Brech)
Le quartier touristique de Saïgon est un vaste chantier à ciel ouvert de jour comme de nuit pour tenir les délais d'une inauguration en 2018. Vue du carrefour des rues Lê Loi et Nguyên Hué de la terrasse du mythique «Rex Hôtel», le 5 janvier 2015. (Catherine Le Brech)

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