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Les filles esclaves du Népal

Chaque mois de janvier, de jeunes Népalaises sont vendues par leurs familles aux classes aisées de l'Inde. On les appelle les kamlaris. Des jeunes filles esclaves, dont les parents n'ont pas les moyens d'assurer l' éducation.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Une jeune kamlari «retirée» de chez son employeur par une ONG (Katmandou, le 13 décembre 2013). (AFP/Prakash Mathama)

C'est le cas de Manijta Chaudhary. A 9 ans, elle qui n'avait jamais passé une nuit sans ses parents, a été vendue par son père à un policier népalais. Obligée de quitter le cocon familial pour rejoindre le domicile de son employeur à 200 kilomètres, près de la frontière indienne. Ménage, vaisselle, cuisine... sa journée d'enfant-esclave débute à 4 heures du matin pour s'achever à minuit. Aujourd'hui âgée de 22 ans, elle se souvient : «Je n'y arrivais pas, alors la femme de mon employeur me frappait avec des casseroles et des poêles, et elle menaçait de me vendre à un autre homme», déclare-t-elle à l'AFP. Ces jeunes filles vendues comme esclaves sont fréquemment battues et violées, prisonnières de leur employeur.

Chaque début d'année, quand la minorité des Tharu célèbre le festival Maghi, les familles en difficulté signent des «contrats» pour louer leur fille. Parfois pour seulement 25 dollars par an. Et bien que cette pratique ait été interdite en 2006, la tradition reste tenace au Népal. Ces jeunes filles se voient toujours voler leur enfance, le droit de jouer et de s'instruire. 

Manijta Chaudhary a travaillé pendant 3 ans comme kamlari, avant que la Nepal Youth Foundation (une ONG américiane) ne propose à son père de l'aider financièrement s'il acceptait de rompre le «contrat» de sa fille. Aujourd'hui, la jeune femme a décidé de s'investir aux côtés des kamlaris. «On m'a volé mon enfance. C'était une époque terrible et je ferai tout mon possible pour mettre fin à cette pratique et libérer les filles.»

Selon les ONG locales, les familles aisées de la capitale ont toujours recours aux filles esclaves. En mars 2013, l'une d'elles, âgée de 12 ans, est morte des brûlures causées par son employeur. Ce terrible fait divers a entraîné une vague de protestations et malgré la promesse du gouvernement de mettre fin à cette pratique, rien n'a été fait. «Nous nous efforçons de rendre autonomes les kamlaris par l'éducation et en leur proposant des formations de couturière ou d'esthéticienne», assure Ram Prasad Bhattarai, porte-parole du ministère de la Femme. «Mais nous n'avons pas l'intention d'organiser des raids dans chaque foyer de Katmandou.»

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