Cet article date de plus de deux ans.

Manifestations au Kazakhstan : le président limoge son gouvernement et demande l'aide de Moscou et de ses alliés

Des manifestations contre la hausse des prix du gaz ébranlent ce pays d'Asie centrale. Plus de 200 personnes ont été arrêtées.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des manifestants protestent contre les prix du gaz, le 4 janvier 2022 à Almaty (Kazakhstan). (ABDUAZIZ MADYAROV / AFP)

Crise politique au Kazakhstan. Le président a limogé, mercredi 5 janvier, son gouvernement, en réponse aux manifestations contre la hausse des prix du gaz qui ont agité une province riche en pétrole de ce pays d'Asie centrale. Un arrêté publié sur le site présidentiel indique que Kassym-Jomart Tokaïev a accepté la démission du gouvernement dirigé par le Premier ministre Askar Mamin. Le vice-Premier ministre Alikhan Smailov assumera le rôle du Premier ministre par intérim jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet.

Le président a demandé l'aide de Moscou et de ses alliés, attribuant à des "terroristes" entraînés à l'étranger les émeutes qui ont vu la foule prendre d'assaut des bâtiments gouvernementaux. Selon le ministère de l'Intérieur kazakh cité par des médias locaux, au moins huit membres des forces de l'ordre et militaires ont été tués dans les émeutes, et 317 été blessés "par la foule déchaînée".

Moscou envoie des "forces de maintien de la paix" 

Moscou et ses alliés de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) vont envoyer des "forces de maintien de la paix" dans le pays, a répondu le président de cette alliance militaire.

La veille, Kassym-Jomart Tokaïev avait décrété l'état d'urgence, à partir du 5 janvier et jusqu'au 19 janvier, dans cette région pétrolifère de Mangystau et à Almaty, la capitale économique, dans le sud-est du pays. Un couvre-feu sera instauré de 23 heures à 7 heures locales. "Ne répondez pas aux provocations venant de l'étranger et de l'intérieur du pays. Ne répondez pas aux appels à prendre d'assaut les bâtiments officiels. C'est un crime pour lequel vous seriez puni", avait déclaré le chef de l'Etat de 68 ans, qui gouverne le pays depuis 2019.

Plus de 200 personnes arrêtées

La police avait utilisé mardi à Almaty des grenades assourdissantes et du gaz lacrymogène pour disperser une manifestation contre la hausse des prix du gaz qui avait rassemblé plusieurs milliers de personnes, aux cris de "le vieil homme dehors !" et "démission du gouvernement !". Tokaïev avait été choisi comme successeur par le dirigeant historique Noursoultan Nazarbaïev, 81 ans, qui a dirigé le Kazakhstan durant 30 ans à partir 1989 et conserve une influence. La police a fait état de plus de 200 arrestations et de dizaines de ses agents blessés.

Cette manifestation, dans un pays autoritaire où ce type de rassemblement est rare, fait suite à un mouvement de colère qui a éclaté dans plusieurs villes depuis dimanche. Le Khazakstan, première économie d'Asie centrale habituée par le passé à des taux de croissance à deux chiffres, souffre de la baisse des prix du pétrole et de la crise économique en Russie, qui a mené à la dévaluation du tenge kazakh et une forte inflation.

La démission du gouvernement n'a pas calmé les manifestants. Mercredi, un groupe a pénétré mercredi dans le principal bâtiment de l'administration d'Almaty, capitale économique du Kazakhstan. La police a tiré des grenades assourdissantes et utilisé du gaz lacrymogène contre la foule de plusieurs milliers de personnes sans parvenir à les empêcher d'entrer dans le bâtiment, selon un journaliste de l'AFP. Des protestataires ont récupéré des matraques et boucliers de la police.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.