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Pourquoi l’Australie a-t-elle besoin de 12 sous-marins ?

Avec ses 25.000 km de côtes à surveiller, une zone économique exclusive de 7,7 millions de km², l’Australie est un géant. Pour défendre ses intérêts et garder son rang dans une région en pleine effervescence, le pays entend moderniser et renforcer son armée. D’où ce contrat de 12 sous-marins achetés à la France.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Les 12 sous-marins Barracuda seront construits en Australie. (DCNS)

Un colosse aux pieds d’argile. L’Australie est une île continent certes, mais vide. Le pays ne compte que 23 millions d’habitants pour une superficie de 7,6 millions de km². Cette faiblesse du peuplement ne permet pas à Canberra de disposer d’une armée conséquente. Ils ne sont que 50.000 militaires australiens quand le voisin asiatique le plus proche, l’Indonésie, dispose de 200.000 soldats.
 
Gênant quand on a des ambitions régionales, voir mondiales. «L’Australie, bien que puissance moyenne, semble considérer la zone océanienne comme sa zone de responsabilité et d’action. Elle y déploie ainsi une stratégie qui peut être considérée comme étant celle d’une puissance dominante», écrit sur son blog l’association des Anciens de l’Ecole de Guerre Economique (EGE).
 
Une doctrine qui se poursuit encore à la lecture du Livre blanc de la défense publié en 2016. Que dit-il ? «Au-delà de la défense du territoire, l’objectif est aussi de s’assurer que les régions maritimes du Sud-Est asiatique et du sud pacifique soient sûre.» Le gouvernement australien, par la voix de sa ministre de la Défense Marise Payne, présente donc un plan de modernisation détaillé et budgété de son armée. La part de la défense va passer de 1,8 à 2% dans le budget, soit une dépense de 195 milliards de dollars étalée sur 10 ans.
 
Des sous-marins mais pas que…
On parle bien sûr des 12 nouveaux sous-marins de conception française, ce qui va doubler la flotte australienne. Mais le Livre blanc prévoit également la construction de bâtiments de surface. Trois destroyers de défense anti-aérienne et neuf nouvelles frégates, ainsi que des navires de reconnaissance côtière viennent compléter la flotte australienne. On est clairement dans la projection d’un conflit majeur et non dans une simple surveillance des côtes.
 
Le fil conducteur du Livre blanc réside dans la volonté de conserver à l’Australie une avance technologique sur tout adversaire potentiel dans la zone pacifique. En ce sens, le choix des sous-marins de type Barracuda est révélateur. «Ces sous-marins seront les plus sophistiqués du monde, et ils seront construits ici», a déclaré Malcom Turnbull, le Premier ministre australien. En effet, ce contrat permet également de développer une industrie navale compétitive et durable, puisque le programme court sur 50 ans.
 
Il s’agit ainsi de ne pas se faire distancer par la Chine qui, au fil des ans, affirme son leadership en Asie du Sud-Est. L’Empire du Milieu possède désormais la plus importante flotte d’Asie et possède même un porte-avions, ce qui étend sensiblement sa zone d’opérations. En 2020, Pékin disposera de 70 sous-marins!
 
Pourtant, l’Australie rappelle aussi son attachement à renforcer ses liens avec les Etats-Unis. Mais Canberra a-t-elle un autre choix vu son isolement?

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