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Vidéo "C'est quasiment un apartheid" : deux ans après leur exode de Birmanie, les Rohingyas sont toujours dans une situation critique

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crise Rohingyas 2 ans EDL
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Article rédigé par franceinfo, Benoît Jourdain
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En août 2017, quelque 740 000 musulmans rohingyas avaient fui la Birmanie vers le Bangladesh après des exactions de l'armée et de milices bouddhistes. Amnesty International publie un rapport sur cette crise humanitaire.

Une triste commémoration. Dimanche 25 août, environ 200 000 Rohingyas ont manifesté pacifiquement dans le camp de réfugiés de Kutupalong, au Bangladesh, pour rappeler leur exil forcé de Birmanie il y a deux ans. En août 2017, quelque 740 000 Rohingyas, de confession musulmane, avaient dû quitter l'Etat de Rakhine, sur la côte ouest de ce pays à forte majorité bouddhiste, après une opération de répression sanglante de l'armée. Ils ont nommé cet épisode le "Jour du génocide". Des familles entières avaient rejoint dans des conditions très difficiles 200 000 réfugiés déjà installés dans des camps de l'autre côté de la frontière, au Bangladesh.

Deux ans après cet exode, Amnesty International publie un rapport, jeudi 29 août, sur la situation des Rohingyas. En Birmanie et au Bangladesh, elle ne s'est pas améliorée, selon Nicholas Bequelin, directeur de la région Asie du Sud et Asie du Sud-Est au sein de l'ONG. "C'est quasiment une situation d'apartheid qui constitue un crime contre l'humanité", affirme-t-il à franceinfo.

Retour en Birmanie impossible

Le Bangladesh et la Birmanie ont signé un accord de rapatriement des réfugiés en 2017, mais deux tentatives, en novembre puis cette semaine, ont échoué car ces derniers refusaient de partir. "Les conditions ne sont pas remplies", explique Nicholas Bequelin. La violence qui règne dans l'Etat de Rakhine rend un "rapatriement immédiat dangereux et non viable", explique l'ONG. "Il y a encore 600 000 Rohingyas qui vivent dans l'Etat de Rakhine, 120 000 dans les camps de réfugiés [en Birmanie] et à peu près 480 000 qui vivent ailleurs [dans le pays]", détaille Nicholas Bequelin. D'après lui, le discours de l'Etat birman reste "extrêmement hostile aux Rohingyas, leur appartenance au pays n'est pas reconnue".

Ceux qui ont fui l'Etat de Rakhine pour le Bangladesh ne sont pas mieux lotis. Ils sont environ 900 000 à vivre dans le district de Cox's Bazar (dont 600 000 dans le camp de Kutupalong, le plus grand du monde), où les conditions de vie sont difficiles : "violences domestiques, violences contre les femmes, pas d'accès à l'éducation, énumère Nicholas Bequelin. Ils sont emprisonnés dans ce camp." "Le Conseil de sécurité des Nations unies doit référer la situation à la Cour pénale internationale", préconise-t-il. Le responsable d'Amnesty craint que l'inaction de la communauté internationale ne crée un précédent, "un Etat qui décide de se débarrasser d'une minorité". "Il faut qu'il y ait des poursuites", insiste-t-il.

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