Cet article date de plus de neuf ans.

Indonésie : qui sont les neuf condamnés à mort qui doivent être exécutés aux côtés de Serge Atlaoui ?

Le Français, condamné à mort pour trafic de drogue, doit être fusillé dans les jours qui viennent en Indonésie.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Mary Jane Veloso, une Philippine de 30 ans condamnée à mort pour trafic de drogue, arrive au tribunal de Sleman, sur l'île de Java (Indonésie), le 3 mars 2015. (SURYO WIBOWO / AFP)

Le temps manque à Serge Atlaoui. Les proches du Français, condamné à mort en 2007 pour trafic de drogue, affirment pourtant que cet artisan soudeur est innocent. Dans une dernière tentative pour sauver sa vie, Paris a prévenu que son exécution risquait de mettre en péril ses relations diplomatiques avec l'Indonésie. Un appel à la clémence qui risque de ne pas être entendu : ces derniers mois, Jakarta a durci sa politique de lutte contre le trafic de drogue et a déjà fait fusiller un premier groupe de condamnés à mort en janvier.

Neuf autres ressortissants étrangers doivent faire face au peloton d'exécution aux côtés de Serge Atlaoui, rapporte le Guardian (en anglais), vendredi 24 avril. Francetv info revient sur ce que l'on sait de ces étrangers condamnés à mort.

Deux Australiens, leaders d'un trafic de drogue

Andrew Chan, 31 ans, et Myuran Sukumaran, 33 ans, ont été condamnés à mort en 2006 pour avoir dirigé un réseau de trafiquants d'héroïne, surnommé le "Bali Nine". Ils avaient été arrêtés l'année précédente pour avoir transporté de la drogue entre l'île touristique de Bali et l'Australie. Leurs avocats ont multiplié les initiatives pour éviter leur exécution, mais la justice a rejeté leur dernier recours le 6 avril dernier, rapporte le Guardian (en anglais).

Canberra a sollicité à plusieurs reprises la clémence de la justice indonésienne, proposant notamment de payer le coût de la détention à vie de ses deux ressortissants. L'Australie espérait ainsi que l'Indonésie accepterait de commuer leur peine et de les transférer dans leur pays d'origine, selon le Sydney Morning Herald (en anglais)Mais un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Arrmanatha Nasir, a déclaré peu après que l'offre australienne était rejetée. "La peine de mort est une décision prise par des tribunaux. Ce n'est pas une négociation", a-t-il souligné.

Un Brésilien, atteint de schizophrénie

Rodrigo Gularte, un Brésilien de 43 ans, a quant à lui été condamné à mort en 2005. Il avait été arrêté à l'aéroport de Jakarta en 2004, en possession de 6 kilos de cocaïne cachée dans des planches de surf, rapporte la BBC (en portugais). Le Brésilien, qui aurait manifesté des "signes de dépression", a tenté de mettre fin à ses jours fin février, ajoute O Globo (en portugais).

Selon des experts engagés par sa famille en 2014, Rodrigo Gularte souffrirait de schizophrénie paranoïaque et d'hallucinations. Ses proches ont tenté ces derniers mois de convaincre la justice de le transférer dans un hôpital psychiatrique. La loi indonésienne interdit en effet d'exécuter une personne souffrant de troubles mentaux.

Le gouvernement brésilien a lui aussi essayé d'empêcher l'exécution de son ressortissant. L'ambassadeur d'Indonésie au Brésil s'est ainsi vu refuser ses lettres de créance par la présidente, Dilma Rousseff, le 20 février dernier, rapporte le Brasil Post (en portugais). Malgré la tentative de la chef d'Etat brésilienne de faire pression sur la justice indonésienne, Rodrigo Gularte est toujours dans le couloir de la mort.

Une femme de ménage philippine

Mary Jane Veloso a été transférée sur l'île indonésienne de Nusakamabangan, où se déroulent les exécutions, jeudi 23 avril. Cette Philippine de 30 ans a quitté son pays en 2010, pour aller travailler en tant que femme de ménage en Malaisie, rapporte le magazine Time (en anglais). Elle affirme que, une fois arrivée sur place, on lui aurait promis un emploi en Indonésie et prêté une valise, dans laquelle de la drogue avait été cachée à son insu. Mary Jane Veloso a été arrêtée à son arrivée à l'aéroport de Yogyakarta en possession de 2,6 kilos d'héroïne, en avril 2010, et condamnée à mort quelques mois plus tard.

Les tentatives d'appel de la Philippine ont elles aussi été rejetées par la justice indonésienne. Ses deux enfants, Mark Daniel et Mark Darren, ont adressé un message vidéo au plus jeune fils du président Joko Vidodo, vendredi 24 avril, rapporte le Sunday Morning Herald (en anglais). Les deux garçons lui ont demandé de convaincre le chef de l'Etat indonésien d'épargner la vie de Mary Jane Veloso. Le message, s'il ne semble pas avoir convaincu Joko Vidodo, a en tout cas ému les internautes. Selon Time, le hashtag #MaryJane était le deuxième sujet le plus cité sur Twitter, vendredi 24 avril.

Trois Nigérians, un Ghanéen, un Indonésien

Le Nigérian Raheem Salami doit lui aussi être exécuté dans les jours qui viennent, après le rejet de son dernier appel, rapporte le Sunday Morning Herald (en anglais). L'homme avait été condamné à la prison à perpétuité en 1999, après avoir été arrêté l'année précédente à l'aéroport de Juanda en possession de 5,3 kilos d'héroïne. Sa peine a été alourdie en mai 2006.

Selon l'ONG Amnesty International (en anglais), deux autres Nigérians sont dans le couloir de la mort, tout comme le Ghanéen Martin Anderson. Ce dernier a été condamné en juin 2004, après avoir été arrêté en possession de 50 grammes d'héroïne. Seul Amnesty International a tenté de faire appel de sa condamnation.

Un Indonésien et une autre personne, dont la nationalité n'est pas citée par l'ONG, doivent faire face au peloton d'exécution aux côtés de Serge Atlaoui. Selon d'autres médias, tels Business Insider (en anglais), trois Indonésiens seront en outre exécutés pour des affaires de viol, de vol et de meurtre avec préméditation.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.