Taslima Nasreen, menacée de mort, quitte l'Inde pour l'Europe
Une nouvelle fois, elle change de vie. Installée en Inde depuis quatre ans, Taslima Nasreen est désormais en route pour l'Europe. Sa destination précise est tenue secrète. Elle pourrait cependant se trouver en Suède, selon plusieurs médias suédois.
_ Son agent, lui, a simplement indiqué qu'elle avait quitté New Delhi pour "suivre un traitement médical en Europe".
Car, en Inde, impossible pour elle de se faire soigner pour ses problèmes d'hypertension. Vivant dans un endroit secret de la banlieue de New Delhi, Taslima Nasreen était en effet sous la surveillance des services secrets, et ne pouvait pas sortir, ni recevoir des amis ou des médecins.
_ Des mesures de sécurité draconiennes, imposées depuis novembre dernier, après de nouvelles menaces de mort exprimées par des extrémistes musulmans. En août dernier, un dirigeant religieux avait déjà proposé "une récompense illimitée" à toute personne qui tuerait la romancière.
Les autorités indiennes elles-même semblaient bien embarrassées de sa présence sur leur territoire. Ses demandes de permis de séjour ont toutes été refusées, par peur d'une réaction hostile des 140 millions de musulmans indiens.
Le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes
Car Taslima Nasreen est aussi controversée dans le monde musulman que ne l'est Salman Rushdie. Comme le romancier, elle doit sa mise à l'index à la publication d'un seul ouvrage, Lajja (La Honte), dans lequel la romancière bangladaise raconte en 1994 la vie d'une famille hindoue persécutée par les musulmans au Bangladesh. Ce qui lui vaut une condamnation à un an de prison par la justice bangladaise pour offense à l'Islam, et un départ en exil qui la conduira en Europe, aux États-Unis et enfin en Inde.
Taslima Nasreen a reçu (avec la Néerlandaise d'origine somalienne Ayaan Hirsi Ali) le prix Simone-de-Beauvoir pour
la liberté des femmes, en février dernier. Nicolas Sarkozy n'a pu, comme il le souhaitait, remettre le prix à la romancière lors de son voyage officiel en Inde. Elle est donc invitée à venir le chercher à Paris. Une invitation qui est destinée à "exprimer le soutien de la France dans son combat pour la liberté", a expliqué la secrétaire d'État aux Droits de l'Homme Rama Yade.
Céline Asselot, avec agences
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