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Un Français condamné à mort en Indonésie craint sa prochaine exécution

Serge Atlaoui a été arrêté en 2005 et condamné deux ans plus tard pour trafic de drogue. Depuis, il clame son innocence. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Serge Atlaoui accorde une interview à l'AFP le 25 septembre 2010 depuis la prison où il est détenu sur l'île de Nusakambangan, dans le sud de Java, en Indonésie.  (BAY ISMOYO / AFP)

Serge Atlaoui vit dans le couloir de la mort. Ce Français condamné à la peine capitale en 2007 en Indonésie pour trafic de drogue a vu sa demande de grâce récemment rejetée par le président indonésien. Mercredi 11 février, France 3 Lorraine a indiqué que François Hollande avait écrit fin janvier à son homologue Joko Widodo pour plaider la cause de ce Messin de 51 ans. 

Arrivé au pouvoir en octobre, le président indonésien avait déclaré peu après sa prise de fonction qu'il n'y aurait "pas de grâce" pour les affaires de drogue. Ainsi, six condamnés, parmi lesquels cinq étrangers, ont été exécutés par balle le 18 janvier, une première depuis 2013. Ces derniers jours, le nom de Serge Atlaoui a également été cité à plusieurs reprises dans les médias locaux parmi les étrangers condamnés à mort qui pourraient être bientôt exécutés. Mais les proches du Français ne perdent pas espoir.

Une tentative de la dernière chance 

Laurent  Fabius devait se rendre en Indonésie les 10 et 11 février afin, entre autres, de plaider la cause de Serge Atlaoui. Mais la crise ukrainienne a modifié l'agenda du ministre des Affaires étrangères. Une déception pour les proches du Français, qui espéraient la négociation d'une suspension de l'exécution, raconte Le Monde.fr (lien abonnés).

De son côté, son épouse, Sabine Atlaoui,a fait ses valises, direction Jakarta. "Aujourd'hui, il est sur le qui-vive, derrière une porte, à se demander quand on va venir le chercher. C'est du stress, c'est du manque de sommeil, c'est la peur perpétuelle", a-t-elle confié mercredi, lors d'une rencontre avec la presse dans les locaux de l'association Ensemble contre la peine de mort. Il a une "épée de Damoclès au-dessus de sa tête" qui "nous place dans une situation d'urgence". "Il a peur de ne plus revoir ses enfants, de ne plus me revoir."

Les avocats de Serge Atlaoui ont également déposé mardi dernier une demande en révision du procès, auprès du tribunal de Tangerang. Une procédure, en théorie non suspensive, qui s'apparente à une tentative de la dernière chance. "Nous espérons très sincèrement que la justice indonésienne acceptera de réexaminer ce dossier car alors, c'est certain, elle sera convaincue que son rôle n'est pas du tout le rôle pour lequel il a été condamné", souligne son avocat, Richard Sedillot.

Savait-il que l'usine fabriquait de l'ecstasy ?

Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy, à Tangerang, dans la banlieue de Jakarta. Incarcéré depuis en Indonésie, il s'est toujours défendu d'être un trafiquant, affirmant être parti dans ce pays pour une courte période, afin d'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique.

"Serge Atlaoui était-il au courant qu’il travaillait dans un atelier clandestin d’ecstasy ?" interroge Le Monde.fr (lien abonnés). Pour son avocat, cité par le quotidien, "le type de machines sur lesquelles il travaillait est très courant, notamment dans l’industrie cosmétique". "Sur place, il réalise que l’ambiance est délétère et demande à rentrer, raconte Richard Sedillot. Mais il ne disposait pas de la somme nécessaire pour son billet d’avion, et ses employeurs l’ont contraint à finir son travail."

"On était une famille normale. Je travaillais dans une chambre d'hôtel, lui travaillait du lundi au dimanche pour essayer de monter son entreprise. Et du jour au lendemain, notre vie a basculé dans un cauchemar", a raconté mercredi Sabine Atlaoui, convaincue de l'"innocence" de son mari.

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