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Réveil du volcan Agung à Bali : "Je crains pour la santé des gens déplacés"

Alors que l'île indonésienne se prépare à une possible éruption volcanique, plusieurs expatriés décrivent à franceinfo la situation sur place.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une colonne de fumée s'échappe du mont Agung, le 26 novembre 2017, à Bali (Indonésie). (ALEX WETTSTEIN / FRANCEINFO)

"Il pleut des petits cailloux." Il est 21h25 à Bali, mardi 28 novembre, quand Alex Wettstein reçoit ce message de l'un de ses médecins déployés près d'Amlapura. Cette ville est l'une des plus proches du mont Agung, un volcan qui menace d'entrer en éruption depuis quelques jours. "Je viens d'avoir un communiqué des autorités, ça peut exploser dans les heures qui viennent, s'inquiète Alex Wettstein, président de l'ONG suisse Fair Future Foundation. Mes collègues flippent bien."

Des "cailloux" tombent du ciel près d'Amlapura, à Bali, où le volcan Agung menace d'entrer en éruption, le 28 novembre 2017. (DR)

Le niveau d'alerte maximal a été décrété, lundi, alors que le mont Agung émettait une colonne de fumée grise s'élevant à plus de 3 000 mètres dans les airs. Des dizaines de milliers d'habitants vivant aux alentours du volcan ont dû quitter leur domicile. Selon les autorités, jusqu'à 100 000 personnes pourraient devoir s'éloigner. Des Balinais craignent désormais de voir se reproduire le drame de la dernière éruption du volcan, en 1963, qui avait fait 1 600 morts.

"Les habitants ne sont pas alarmés"

Ce mardi, l'air est encombré de cendres dans l'est de l'île indonésienne. A Semarapura, un autre chef-lieu situé à quelques dizaines de kilomètres du volcan, "la vie continue normalement", raconte pourtant Céline Fabry. Selon cette agente de voyage française installée à Bali depuis dix ans, "les expatriés sont plus effrayés que les Balinais, qui gardent le sourire".

Plus au Sud, sur l'île de Nusa Lembongan, "il y a aussi des cendres", affirme une hôtesse de l'air et blogueuse canadienne en vacances, Elisabeth Landry. "On ne les voit pas dans l'air, mais il suffit de quelques minutes pour qu'elles forment une pellicule sur les tables, décrit-elle. Les habitants ne sont pas alarmés, ils mettent juste des masques pour se protéger en moto."

"Des difficultés respiratoires liées aux cendres"

C'est dans les terres, au pied des pentes du volcan, que la situation est la plus inquiétante. De retour du terrain, où il a pu tourner des images avec un drone, l'infirmier suisse Alex Wettstein décrit "un décor fascinant". "C'est clairement la plus belle chose que j'aie vue de ma vie", reconnaît-il, tout en redoutant les conséquences de cette activité volcanique.

"Je crains pour la santé des gens, car on se retrouve confronté à des problèmes liés au déplacement en masse de personnes, décrit le co-fondateur de la Fair Future Foundation, qui dispense des soins dans les villages de Bali, avec une cinquantaine de soignants locaux. Il faut traiter des difficultés respiratoires liées aux cendres, mais aussi des problèmes plus larges."

Les personnes déracinées de chez elles sont confrontées à des problèmes de contagions, de malnutrition, d'absence de sanitaires...

Alex Wettstein

à franceinfo

Entre deux quintes de toux au téléphone, cet humanitaire déplore des "conditions pénibles" d'hébergement pour les déplacés. Ces derniers, "fatalistes", sont accueillis dans des bâtiments en dur ou sous des tentes. "Ils dorment par terre, collés les uns aux autres", selon le Suisse, qui décrit un temps chaud avec "beaucoup de pluie et de vent".

"Un euro pour un masque"

Dans les camps, des masques respiratoires sont distribués par centaines. Ces équipements viennent parfois à manquer, d'où des initiatives de solidarité lancées à distance. La Belge Karine Ratowski, directrice d'un hôtel à Ubud, plus à l'ouest, a lancé un appel aux dons sur sa page Facebook"Une amie balinaise sur place m'a dit qu'il manquait 2 000 masques, raconte-t-elle. Il faut compter un euro pour un masque, ce qui n'est pas une mince somme à Bali. Je récolte donc un maximum de fonds pour en acheter et les distribuer dans les camps."

En attendant, l'hôtelière a déjà offert des vêtements ou encore des serviettes de son établissement aux déplacés. Elle garde aussi un œil sur la situation de l'aéroport de Bali, fermé depuis lundi, par où arrivent la plupart de ses clients. "Ici, on ne ressent pas les cendres, mais on a déjà des répercussions économiques, dit-elle. Mon hôtel est vide pour une semaine parce qu'un groupe de 40 personnes n'a pas pu atterrir et a dû annuler sa réservation."

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