Au niveau mondial, crise de confiance envers les dirigeants
Dans son rapport très complet sur les perspectives de l'année 2015, le Forum économique mondial établit dix «tendances» des dossiers urgents qui se retrouveront certainement sur l'agenda politique. En troisième position, on trouve le manque de leadership. Selon de nombreux sondages indépendants, dans l'ensemble des régions du monde, les habitants considèrent que leurs dirigeants sont aujourd'hui incapables de les guider.
Ce vide se retrouve dans la totalité des tendances évoquées, comme l'intensification des catastrophes climatiques, la gestion des inégalités économiques ou l'émergence d'une croissance non-productrice d'emplois.
Même dans les pays où le personnel politique est apprécié, comme en Allemagne avec Angela Merkel ou en Russie avec Vladimir Poutine, la situation n’est pas meilleure. En effet, le sondage interroge sur la confiance accordée à des institutions dans leur globalité et non à des personnes. Sur ce plan, les résultats sont médiocres.
Politiques et religieux sur la sellette
Les gouvernements sont les premiers concernés par les recherches du Forum économique mondial. Il ne s’agit pas seulement de considérations sur la compétence ou la vision à long terme des gouvernants. Le sondage fait apparaître une défiance vis-à-vis de leur honnêteté, de leurs bonnes intentions. 58% des sondés déclarent qu’ils n’ont pas confiance dans leurs politiques pour ne pas abuser de positions d’autorités. Sur un index de confiance sur 10, les gouvernements du monde obtiennent un piètre 3.83.
Selon des recherches distinctes, 90% des Chinois, 78% des Brésiliens et 83% des Indiens considèrent que la malhonnêteté de leurs dirigeants est un problème. Les mêmes chiffres se retrouvent dans le monde en développement et dans une moindre mesure dans le monde développé.
L’ancien candidat à la présidence américaine Al Gore note dans son introduction au rapport: «L’échec des gouvernements mondiaux à s’attaquer au réchauffement climatique et leur manque de succès face à la crise érodent la confiance de leurs administrés.» Les qualités attendues de leurs dirigeants par les sondés reflètent cette analyse. Dans toutes les régions du monde, les administrés estiment que les capacités à collaborer entre dirigeants, à communiquer, et la vision globale des problèmes sont insuffisantes.
Une seule catégorie d’institutions fait moins bien que les politiques : les dirigeants religieux, dont l'indice de confiance au niveau mondial s'établit à 3,57. Même la vague de sympathie pour le pape François n’a pas pu enrayer la chute libre des opinions favorables dans le domaine (sauf en Amérique du Sud, ou la confiance qui leur est accordée a bondi de 26% en un an).
Du bon côté : les entreprises, les associations et... les armées
D’autres institutions s'en sortent mieux. Au premier rang, on trouve notamment les associations caritatives et ONG qui seules s’attirent un score supérieur à 5 sur 10 sur l’Index publié par le Forum économique mondial. Elles tiennent d’ailleurs un rôle de palliatif au vide de leadership. La plupart des interrogés leur font surtout confiance pour s’occuper des personnes en difficulté.
Il existe également une relative confiance dans les entreprises. Le secteur du business est second dans l’index (4,72 sur 10), avec une croissance régulière depuis la crise de 2008, qui avait beaucoup érodé le crédit des institutions financières. Aujourd'hui, 58% des gens ont confiance dans les acteurs économiques. Une confiance que le secteur économique ne rend pas. Selon les recherches du Forum économique mondial, les entreprises sont les premières à manquer de confiance envers les autres institutions.
Les recherches du Pew Research Center sur la confiance dans les pays en voie de développement font apparaître une troisième source alternative de leadership, en qui les citoyens ont la plus grande confiance: les armées nationales. Loin devant les hommes politiques, les militaires sont toujours considérés comme des garants de l'unité et de la vertu nationale. En revanche, les systèmes de justice et les fonctionnaires sont vus comme malhonnêtes et soumis à la corruption.
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