Birmanie : six mois après le coup d'Etat, le pays reste plongé dans le chaos et la détresse sanitaire
Le chef de l'armée s'est engagé à organiser un scrutin d’ici à 2023.
Triste anniversaire de six longs mois de répression et de crise sanitaire. Terrifiés par l'emprise de la junte et la flambée de l'épidémie de Covid-19, très peu de Birmans ont osé, dimanche 1er août, descendre dans la rue pour marquer les six mois du coup d'Etat qui a plongé le pays dans le chaos.
Une semaine après avoir annulé le résultat des législatives de 2020, remportées massivement par le parti d'Aung San Suu Kyi, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a pris la parole pour promettre la tenue d'un nouveau scrutin "d'ici août 2023". "Nous travaillons à établir un système multipartite démocratique", a assuré le général, alors que la célèbre figure de l'opposition non violente à la dictature, à présent âgée de 76 ans, entame son septième mois assignée à résidence. La junte s'est également dit "prête à collaborer avec l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est" (Asean).
Une situation épidémique gravissime
En cet anniversaire du coup d'Etat, qui a plongé le pays dans un chaos politique et économique, la majorité des Birmans sont restés enfermés chez eux, terrorisés par la violence des forces de sécurité et par le coronavirus. Le Royaume-Uni, l'ancienne puissance coloniale, a averti les Nations unies que la moitié de la population, soit environ 27 millions de personnes, pourrait être infectée par le Covid-19 dans les deux prochaines semaines, qualifiant la situation de "désespérée" et exhortant le Conseil de sécurité à agir pour permettre la livraison de vaccins.
L'ONU estime que seuls 40% des établissements de soins du pays sont encore fonctionnels alors qu'une grande partie du personnel médical est toujours en grève pour protester contre le coup d'Etat. Certains soignants, visés par des mandats d'arrêt, sont en fuite, d'autres sont déjà sous les verrous.
La répression se poursuit
L'armée birmane "utilise le Covid-19 comme arme contre la population", a récemment déclaré Susanna Hla Hla Soe, du gouvernement d'unité nationale, mis en place par des opposants dans la clandestinité. Le corps médical n'est pas le seul visé. En six mois, plus de 900 civils ont été abattus par les forces de sécurité, dont 75 mineurs, plus de 100 ont disparu et plusieurs milliers sont détenus arbitrairement, d'après l'ONG Human Rights Watch.
Malgré la dureté du régime, l'opposition continue. Les grandes manifestations pacifiques ont laissé peu à peu place à une riposte armée conduite par des milices citoyennes, les forces de défense du peuple (PDF). "Je promets de combattre cette dictature aussi longtemps que je vivrai", peut-on lire sur les réseaux sociaux. "Nous ne nous agenouillerons pas sous les bottes des militaires", assurent de jeunes internautes, faisant le salut à trois doigts en signe de résistance. De petites manifestations ont été organisées dimanche, comme à Kaley (ouest), où des habitants ont défilé sous des banderoles en hommage aux prisonniers politiques : "Les chants des détenus sont des forces pour la révolution", pouvait-on lire sur l'une d'entre elles.
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