: Reportage "Toutes les vitres étaient détruites, le sol complètement inondé" : après le saccage, la longue remise en état du palais présidentiel au Brésil
L'heure, mardi 10 janvier, était à la remise en l'état : 186 personnes ont nettoyé, toute la journée durant, le palais du Planalto, le palais présidentiel de Brasilia, la capitale brésilienne, saccagé dimanche par les bolsonaristes qui y ont répandu le chaos lors des quelques heures où la démocratie brésilienne a vacillé.
Un travail de titan et une émotion forte pour les employés de ce palais, construit sur les plans de l'architecte Oscar Niemeyer, inscrit au patrimoine de l’Humanité et qu’il faudra cependant réparer pendant de longues semaines.
"J'ai beaucoup pleuré"
Le palais présidentiel n’est plus un champ de bataille comme les bolsonaristes l’ont laissé dimanche soir. Lundi, en fin de journée, une grande partie du nettoyage était terminée, et le personnel de ménage épuisé, autant physiquement qu'émotionnellement. Ana Carolina continuait de nettoyer frénétiquement, les yeux encore humides et l’air perdu :
"J'ai beaucoup pleuré, j'étais très triste, déçue de voir ce vandalisme, ce terrorisme et ces bolsonaristes. C'est très triste de voir l'endroit où nous travaillons, qui a été ainsi détruit par cette bande de vandales."
Ana Carolinaà franceinfo
"J'ai été tellement blessée, poursuit Ana Carolina. J'ai beaucoup pleuré, je n’arrive pas à parler de cela, je suis trop émue. On ne doit pas baisser les bras n’est ce pas ? La démocratie doit gagner, ce Brésil est pour tout le monde, n’est ce pas ?"
Dans les étages supérieurs, l’équipe de Maria Da Conceiçao a rassemblé à la pelle un amas de déchets : "Du verre de la pierre, des déchets, des restes de bombe de gaz lacrymogène : tous ces trucs..., décrit-elle. C'était vraiment triste."
"L'entrée était totalement détruite"
Joao, qui fait partie de la sécurité, a été un des premiers à se rendre sur les lieux. Lui aussi a du mal à raconter ce qu’il a vu. "Toutes les vitres étaient détruites, le sol était complètement inondé, soupire-t-il. Les portraits de la galerie des anciens présidents étaient toutes par terre, à l'exception de celle de Bolsonaro, que quelqu'un a prise comme un prix. L’entrée était complètement détruite, les ordinateurs avaient été volés et ceux qui étaient encore là, étaient tous jetés par terre, cassés. Voilà en gros l’ambiance d’hier soir quand je suis arrivé."
En face du Planalto, la Cour suprême n’a pas pu être nettoyée : sur le sol gisent encore les drapeaux du Brésil portés par les manifestants qui ont détruit en quelques heures le patrimoine de leur pays.
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