Brésil : Dilma Rousseff n'a jamais été aussi proche d'être destituée
Les députés brésiliens ont voté en faveur de la destitution de la cheffe d'Etat. C'est la première étape du processus pour écarter la présidente du pouvoir.
Ça sent le roussi pour Dilma Rousseff. Les députés brésiliens ont voté en faveur de la destitution de leur cheffe d'Etat, dimanche 17 avril, par 367 voix pour et 137 contre. Ils ouvrent ainsi la voie à un départ de la présidente du Brésil, accusée de maquillage des comptes publics en 2014 et 2015. Francetv info vous explique pourquoi le mandat de Dilma Rousseff ne tient plus qu'à un fil.
La première étape de la destitution est enclenchée
Dilma Rousseff est entrée dans l'histoire du Brésil en devenant la première femme élue présidente, en 2011. Sept ans plus tard, elle risque désormais de devenir le deuxième chef d'Etat à être destituée, après Fernando Collor de Mello, tombé pour corruption en 1992.
La présidente brésilienne fait en effet face depuis plusieurs mois à une violente opposition dans le pays. Dilma Rousseff est accusée d'avoir maquillé les comptes publics pour masquer l'ampleur de la crise économique en 2014, année de sa réelection, ainsi qu'en 2015. L'entrée au gouvernement de l'ancien président Lula, soupçonné de corruption, a aggravé la crise politique en mars.
Conséquence : les députés se sont largement prononcés en faveur de la destitution de la présidente de gauche. Pas moins de 367 élus ont voté pour son départ, soit 25 voix de plus que les 342 requises. Seuls 137 députés, pour la plupart de gauche ou d'extrême gauche, se sont prononcés contre. Et la présidente ne dispose pas non plus du soutien populaire : 68% des Brésiliens sont favorables à sa destitution, selon un sondage pour le quotidien Folha de São Paulo (en portugais) réalisé en mars.
Les Sénateurs doivent encore confirmer ce vote
Le mandat de Dilma Rousseff est désormais sérieusement menacé. Le Sénat doit toutefois confirmer le vote des députés, lors d'un scrutin prévu au mois de mai. Il suffirait qu'une majorité simple des sénateurs approuve pour que la présidente brésilienne soit mise en accusation pour "crime de responsabilité".
Dilma Rousseff serait alors démise de ses fonctions pendant une durée maximum de 180 jours, dans l'attente d'un jugement définitif. Durant cette période, le vice-président Michel Temer la remplacerait à la tête du pays et formerait un gouvernement de transition, précise Le Monde. Le Brésilien de 75 ans, ancien allié centriste de Dilma Roussef, est toutefois lui aussi éclaboussé par des affaires de corruption.
Seule une condamnation peut définitivement l'écarter
Si le Sénat confirme le vote des députés, Dilma Rousseff sera donc écartée du pouvoir pendant six mois. Durant cette période, la présidente brésilienne devrait faire l'objet d'une enquête et d'un procès. Si ce dernier n'a toujours pas démarré à l'issue des 180 jours de suspension, Dilma Roussef pourra reprendre ses fonctions jusqu'à la tenue du procès. La procédure judiciaire "aura lieu en séance plénière au Sénat et sera dirigée par le président de la Cour suprême", précise le quotidien O Público (en portugais).
Après avoir entendu Dilma Rousseff et ses opposants, les sénateurs devront se prononcer sur la question suivante : "La présidente a-t-elle commis les crimes qui lui sont reprochés et devrait-elle être condamnée à la perte de son mandat et l'interdiction temporaire, pour une durée de huit ans, d'exercer toute autre fonction publique ou électorale ?" Une majorité des deux-tiers est nécessaire pour que la chambre haute puisse prononcer la destitution définitive de Dilma Rousseff. Si les Sénateurs s'opposent à cette procédure à l'issue du procès, la présidente pourra reprendre ses fonctions, indique O Público.
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