Le Brésil ouvre une enquête pour trafic d'êtres humains sur le chantier d'une usine du groupe automobile chinois BYD
Le chantier en question est situé à Camaçari, à environ 50 km de la ville de Salvador, dans le nord-est du Brésil. Les autorités brésiliennes ont déclaré vendredi 27 décembre avoir ouvert une enquête pour "trafic international visant à l'exploitation" d'ouvriers chinois sur ce site, destiné à accueillir une usine du groupe BYD, le géant chinois de la voiture électrique. En début de semaine, le ministère public de l'Etat de Bahia avait annoncé qu'une série d'inspections menées depuis novembre avaient permis de "secourir" 163 ouvriers chinois travaillant dans des "conditions semblables à de l'esclavage" pour l'entreprise de bâtiment Jinjiang, sous-traitante de BYD.
"Un vaste ensemble de preuves recueillies durant des semaines d'inspection montre (...) que les 163 travailleurs ont été victimes de trafic international visant à leur exploitation pour du travail dans des conditions semblables à de l'esclavage", détaille un communiqué commun de plusieurs organismes publics brésiliens, ajoutant que le parquet fédéral a "sollicité le partage des preuves recueillies pour que des mesures soient prises au niveau pénal".
Lors d'une audience en visioconférence jeudi, BYD et Jinjiang "se sont engagés à collaborer dans la protection" des ouvriers en question, acceptant qu'ils restent hébergés dans des hôtels "le temps que les négociations sur la rupture de leurs contrats de travail soient conclues", selon les autorités.
Passeports confisqués, dortoirs insalubres…
Les enquêteurs ont évoqué des "conditions dégradantes" dans lesquelles vivaient les ouvriers, dormant dans des dortoirs "sans matelas" et étant exposés sur le chantier "à une intense radiation solaire, présentant des signes clairs de problèmes de peau". Le ministère public de l'Etat de Bahia a fait état par ailleurs de soupçons de "travail forcé", les ouvriers venus de Chine s'étant vu "confisquer leurs passeports" et leur employeur "retenant 60% de leur salaire, dont ils recevaient les autres 40% en monnaie chinoise".
Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a affirmé vendredi que Pékin avait "pris note" de la situation, "accorde une grande importance à la protection des droits légitimes des travailleurs et exige que les entreprises chinoises opèrent conformément aux lois et réglementations en vigueur".
BYD avait annoncé lundi soir avoir "rompu avec effet immédiat" le contrat avec la filiale brésilienne de Jinjiang pour le chantier de Camaçari. Cette entreprise de bâtiment a pour sa part rejeté les accusations des autorités brésiliennes jeudi, estimant sur le réseau social Weibo qu'elles "portaient sérieusement atteinte à la dignité du peuple chinois".
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