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L’exploitation des mines d’or met en péril l’Amazonie et ses peuples
Publié le 04/05/2016 11:23
L’agriculture intensive du soja, l’exploitation forestière et l’élevage sont les principales causes de déforestation de la forêt amazonienne. Mais l’extraction aurifère ravage elle aussi dans une moindre mesure l’Amazonie et détruit les populations qui y vivent.
Pour en témoigner, le journaliste Stephen Eisenhammer et le photographe Bruno Kelly se sont rendus en avril 2016 sur le plus vaste territoire indigène forestier du monde (le nord du Brésil et le sud du Venezuela), où vit le peuple Yanomami.
un chiffre faible par rapport au 6.000 km² de forêts rasées entre 2012 et 2013 liées au développement agricole. «Mais la spécificité des mines, c’est qu’elles se situent profondément dans la forêt et atteignent donc le cœur des écosystèmes. Il existe en effet deux types de gisement d’or. Les structures géologiques favorables au minerai nécessitent des investissements industriels, tandis que l’orpaillage artisanal consiste à traquer dans le cours des rivières les pépites érodées par l'eau provenant de ces couches géologiques», précise une étude de l’université de Porto Rico, citée par «Sciences et avenir». On dénombre une activité minière illégale dans neuf des 26 Etats du pays. (REUTERS/Bruno Kelly)
35 personnes et trois hélicoptères de l'agence environnementale brésilienne Ibama et de la fondation indienne Funai lancent une opération conjointe sur les terres des Yanomamis. Celle-ci a permis de localiser 15 zones d’atterrissage et de brûler des tentes, des outils et 20 barges utilisées par les orpailleurs pour transporter leur matériel. Interrogés, ces derniers ont dû être relâchés. On estime à 5.000 le nombre de mineurs illégaux dans cette région. (REUTERS/Bruno Kelly)
mais il sait que les mineurs reviendront : «Le but est de détruire leurs équipements. Nous ne sommes pas en mesure de les arrêter, car il n'y a pas assez de place dans les hélicoptères.» (REUTERS/Bruno Kelly)
il faut finir le parcours à pied car elles se trouvent en plein cœur de la jungle. Ces opérations sont difficiles et très coûteuses. Mais avec la crise économique que traverse le Brésil, le budget 2016 de Funai a été réduit de 24% et celui d’Ibama de 30%. (REUTERS/Bruno Kelly)
est grand comme deux fois la Suisse (9,5 millions d'hectares). Environ 30.000 personnes y vivent. Cette terre leur appartient officiellement depuis 1992. (REUTERS/Bruno Kelly)
Ils abattent les arbres, empoisonnent au mercure (utilisé pour amalgamer l’or) la rivière Uraricoera. Le mercure hautement toxique pénètre via les poissons dans la chaîne alimentaire et contamine l’homme entraînant des dérèglements du système nerveux, digestif et immunitaire et parfois la mort. (REUTERS/Bruno Kelly)
par la Fondation Oswaldo Cruz, un groupe de recherche biomédicale publique, a constaté que, dans certains villages Yanomami, 90% des autochtones souffrent d'un empoisonnement au mercure. (REUTERS/Bruno Kelly)
militante de Survival International qui fait campagne pour les Yanomamis depuis 1990, la solution à long terme est d’avoir plus de gens sur le terrain, que les peines encourues soient plus sévères pour les mineurs et particulièrement pour ceux qui les embauchent et qui leurs fournissent les équipements. (REUTERS/Bruno Kelly)
une route a été tracée au sein du territoire Yanomami pour relier les régions éloignées et permettre ainsi de développer l’économie du pays. Deux villages furent alors anéantis. Une ruée vers l’or s’en est suivie dans les années 80. 40.000 orpailleurs brésiliens envahirent la jungle apportant des maladies comme le paludisme jusqu'àlors inconnu des populations. L’alcool et la prostitution firent leur apparition dans la jungle. En 1993, 22 mineurs ont envahi un village yanomami et assassiné 16 de ses habitants dont des bébés, des enfants et des personnes âgées. 20% des Yanomamis ont été tués en à peine une dizaine d’années. (REUTERS/Carlos Garcia Rawlins)
le gouvernement vénézuélien a lancé le «Plan Caura» pour éradiquer l'exploitation minière artisanale dans la région. Et en 2011, les Yanomamis ont créé leur propre organisation, Horonami, afin de défendre leurs droits. Mais ils se heurtent au gouvernement brésilien qui penche actuellement sur des lois permettant d’élargir les zones d’exploitation minière. Depuis 2012, le Brésil veut diversifier ses réserves étrangères et doublé ses réserves en or (33 tonnes en 2012, 67 en 2014). Le secteur minier aurifère emploie 200.000 personnes au Brésil. (REUTERS/Bruno Kelly)
s’est tenue à Brasilia la première Conférence nationale de politique indigéniste. Les indiens réclament une véritable reconnaissance de leurs droits fonciers garantis par la Constitution. (AP Photo/Eraldo Peres)
président de l'association yanomami Hutukara, a rencontré en février 2016 le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones pour mettre fin à la propagation du mercure sur leurs terres. Selon les rapports des différentes organisations autochtones, il sera d’autant plus difficile d’endiguer l’exploitation aurifère quand on sait que l'armée et la garde nationale sont de connivence avec les mineurs. ( REUTERS/Luke MacGregor)
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