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Surpopulation carcérale et violences, les maux des prisons au Brésil

Surpeuplées, foyers de violences, les prisons du Brésil sont dans un état désastreux. Mutineries et meurtres sont le lot quotidien de ces établissements qui n’ont pas les infrastructures nécessaires pour accueillir et nourrir tous les détenus. Lesquels vivent le plus souvent entassés dans la plus grande promiscuité.
Article rédigé par Pauline Landais-Barrau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Des détenus de la prison de Cascavel, au Brésil, ont pris deux gardes en otages. (AFP PHOTO / MARCELINO DUARTE)

A deux mois de l’élection présidentielle, Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, qui semble avoir perdu son statut de favorite, est passée à l’offensive politico-médiatique tant sa réélection est en péril. En face, sa grande adversaire, Marina Silva, candidate écologiste et évangélique, promet de mettre fin à la mauvaise gestion et au gaspillage des dépenses publiques qui ont plongé le géant émergent d’Amérique latine dans la récession.
 
Pendant ce temps, des mutineries continuent d'agiter les prisons brésiliennes. La dernière en date a eu lieu le 1er septembre au nord du pays, à Parintins, lors de laquelle un homme a été décapité. Deux autres détenus ont connu le même sort au cours d’une révolte fin août, à Cascavel dans le sud. Sans oublier Pedrinhas, au nord-est, où plus de 60 prisonniers sont morts en un an dans une prison qui héberge 2.500 détenus pour 1.700 places.
 
Selon l’ONG Conectas, le Brésil recense la quatrième plus grande population carcérale au monde, soit près de 548.000 détenus, et aurait besoin de 207.000 places supplémentaires. La population des prisons brésiliennes a augmenté de 380% ces 20 dernières années et près de la moitié des maisons d'arrêt ne disposent pas assez de lits pour tous les prisonniers.

 
Un climat d’extrême violence
Des conditions de détention catastrophiques – cellules privées de lumières et d’aération, manque de nourriture et insalubrité alarmante – contribuent aux mouvements de rébellion contre les geôliers. Quant aux agressions entre détenus, elles sont quotidiennes : les gangs font encore la loi à l’intérieur des prisons brésiliennes et la hiérarchie y est très respectée. Les vidéos qui circulent librement sur la toile font état de nombreux règlements de compte.
 
Une surpopulation qui n'est pas sans lien avec les récentes manifestations internationales qui ont eu lieu sur le sol brésilien: Journées mondiales de la jeunesse et Coupe du monde de football. Ainsi, plusieurs mois avant le Mondial (juin et juillet 2014), les arrestations en série ont contribué à remplir les prisons de petits délinquants mais également de membres du grand banditisme. Il s’agissait d’éradiquer la violence des rues de Rio, de nettoyer les favelas et de mettre fin aux nombreuses manifestations anti-mondial.
 
Aujourd’hui, quelques jours après le lancement officiel de la campagne pour la présidentielle, l’état déplorable des prisons n'apparaît pas comme un sujet prioritaire dans un pays confronté à une économie en souffrance.

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