Cet article date de plus de six ans.

Vidéo Présidentielle au Brésil : le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro séduit les militants pro-armes

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par Olivier Poujade - Édité par Pauline Pennanec'h
Radio France

À la veille du premier tour de l'élection présidentielle au Brésil, Jair Bolsonaro, le candidat de l’extrême droite, fait la course en tête avec 32% des intentions de vote. L'une de ses promesses : légaliser le port d'armes.

Au Brésil, Jair Bolsonaro, le candidat d'extrême droite, pourrait sortir vainqueur dimanche 7 octobre du premier tour de l'élection présidentielle, selon certains analystes politiques. Sorti de l’hôpital le 29 septembre après avoir été poignardé quelques semaines plus tôt, l’ancien militaire surfe sur toutes les difficultés que rencontre le pays pour séduire son électorat. Un sentiment de peur et d’insécurité a resurgi dans le pays et sur lequel le candidat promet des solutions, comme la légalisation du port d’armes. La mesure séduit de plus en plus de Brésiliens, comme les militants pro-armes qui s'y préparent.

"Il y a une guerre civile qui couve"

Armando espère bientôt pouvoir porter son revolver à la ceinture. Il y a 10 ans, son père a été abattu devant ses yeux en pleine rue, en allant au marché. Ce jour-là, il a senti qu’il devait se défendre lui-même et ne compter sur personne : "Au Brésil il y a une guerre civile qui couve. Si les autorités ne font rien, cette guerre va éclater au grand jour", s’exclame-t-il.

En attendant que Jair Bolsonaro tienne sa promesse de libéraliser le port d’arme, il s’entraîne dans un stand de tir sportif de la banlieue de Rio de Janeiro. Dans ce stand, tous se disent prêts à sortir armé, sauf Armando qui reconnaît avoir un problème : "Physiquement, je ne suis pas prêt. Je n’y vois pas très bien, donc je peux utiliser que des armes à canon court. Je n’arrive pas à me servir d’armes longues comme les fusils, donc je me contente du pistolet, cela n’exige pas d’avoir une très bonne vue."

Une arme à feu et le chiffre 17 correspondant au numéro du vote pour Jaïr Bolsonaro, dans le stand de tir "Calibre 12", à Rio de Janeiro (Brésil). (RADIO FRANCE / OLIVIER POUJADE)

À ses côtés, Anderson est assez nostalgique de l’époque où les citoyens étaient autorisés à circuler armés. Il attend, lui aussi, avec impatience l’annulation du statut de désarmement, instauré en 2003.

Les bandits n’ont pas été désarmés. Ceux à qui on a confisqué les armes, ce sont les bons citoyens, ceux qui protègent leurs familles ! Les bandits qui ne respectent pas la loi ont des armes à volonté !

Anderson

à franceinfo

Les armes circulent partout dans les favelas, et la tentative, en 2008, d’implanter des Unités de Police de pacification dans ces communautés, n’a donné aucun résultat d’après l’ancien Secrétaire national de la sécurité publique Luiz Eduardo Soares : "les UPP ont échoué, le gouvernement et la police le reconnaissent. C’est une politique qui nécessite beaucoup d’hommes, et le gouvernement n’a pas les moyens, donc ce n’était pas une solution viable", explique-t-il.

"Ça sera une boucherie"

La voie est ouverte pour le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro. Libéraliser le port d’arme est une de ses mesures phares. Paulo Storani, ancien capitaine des forces spéciales de la police de Rio de Janeiro, n’est pas contre, mais c’est assez risqué selon lui. "Si vous observez la polarisation de la société, avec toute l’agressivité, le désir d’affrontement qu’il y a, et si vous transposez cela à la vie quotidienne et que vous armez les gens, cela vous mène où", questionne-t-il.

Libérer les armes en se disant ‘on verra bien’, ce sera une boucherie, le Texas des États-Unis.

Paulo Storani

à franceinfo

Pour l'ancien capitaine des forces spéciales de la police de Rio de Janeiro, "une querelle de voisins peut se terminer en échange de tirs. Peut-être que cela aura un impact et qu’un certains nombres de crimes diminueront, mais d’autres formes de crimes vont apparaître. C’est pour ça qu’on ne peut pas faire n’importe quoi. Se protéger dans sa maison, mais pas à l’extérieur, il faut bien penser tout ça." 

De quoi consolider un leadership mondial dont le Brésil se passerait bien : 63 880 homicides ont eu lieu l’an dernier, soit un meurtre toutes les 10 minutes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.