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Au Canada, la difficile sélection des jurés pour le procès de Luka Magnotta

La sélection du jury en vue du procès médiatique du dépeceur de Montréal, qui doit débuter le 22 septembre, s'annonce très complexe.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Représentation de Luka Magnotta durant les audiences préliminaires de son procès à Montréal (Canada), le 9 janvier 2013. (CHANTAL POIRIER / AFP)

Le processus est long et fastidieux. Plus de 1 600 jurés potentiels doivent être entendus au Palais de justice de Montréal, au Québec, avant le début du procès de Luka Rocco Magnotta. Le juge, la défense et l'accusation doivent en effet sélectionner les 12 personnes qui rendront leur verdict concernant les cinq chefs d'accusation pour lesquels le Canadien est poursuivi. Luka Magnotta est accusé d'avoir tué et dépecé Jun Lin, un immigré chinois installé à Montréal, en mai 2012.

Plusieurs centaines de jurés potentiels sont toutefois récusés d'office par le juge. Francetv info revient sur les critères de cette sélection difficile.

Les jurés doivent être parfaitement bilingues

Le procès de Luka Magnotta, originaire de la banlieue de Toronto dans l'Ontario, se déroulera principalement en anglais, sa langue maternelle. Mais plusieurs témoins francophones seront aussi entendus par la Cour. Le juge Guy Cournoyer a donc décidé de sélectionner un jury bilingue afin qu'il puisse suivre tous les échanges durant les six semaines de procès, rapporte le quotidien québécois La Presse.

De nombreux candidats ont donc été récusés par la Cour parce qu'ils ne maîtrisaient pas suffisamment l'anglais ou le français, lors de la première journée de sélection lundi 8 septembre, rapporte Radio Canada. Le lendemain, le juge a demandé aux personnes présentes d'annoncer dès le début s'ils n'étaient pas bilingues. Plus de la moitié des jurés potentiels ont alors quitté le tribunal.

Ils doivent être neutres et impartiaux

La sélection des jurés s'avère d'autant plus difficile que l'affaire a été très médiatisée, notamment durant l'enquête préliminaire. De nombreux Canadiens ont déjà un avis tranché sur le verdict à rendre, rappelle La Presse. "Le public semble avoir condamné Luka Magnotta mais ils n'ont pas eu l'occasion de voir toutes les preuves et les éléments dont dispose la défense", a souligné Eric Sutton, avocat criminaliste, sur CTV News (en anglais).

"Nous allons nous assurer de l'impartialité des membres du jury, de leur capacité à faire abstraction de l'information qu'ils ont obtenue auparavant, et de se concentrer seulement sur la preuve admissible présentée devant eux au procès", a expliqué Jean-Pascal Boucher, porte-parole du directeur des poursuites criminelles et pénales, à Radio Canada.

Ils ne doivent pas être trop sensibles

"Les faits qui vont être examinés, du fait des actes perpétrés, de la violence utilisée et de la nature sexuelle de certaines actions, pourraient être choquantes et bouleversantes pour certaines personnes", a précisé le juge Cournoyer, selon le Toronto Star (en anglais). Si aucun enregistrement du meurtre, qui a été filmé et diffusé sur internet, ne sera montré aux jurés, ils devront en revanche observer plusieurs photos de la victime.

Une perspective qui a poussé plusieurs candidats, qui affirment être trop sensibles pour supporter de telles visions d'horreur, à demander une exemption. Une jeune femme a notamment fondu en larmes au moment de son audition par la Cour. Elle a expliqué que la simple vue de Luka Magnotta l'avait bouleversée, rapporte le Star.

A priori, une trop grande sensibilité n'est pas une raison suffisante pour être récusé. Mais "un juge qui souhaite un jury le plus stable et solide possible pourrait considérer la fragilité d'un candidat comme un motif raisonnable pour l'écarter d'emblée", souligne le site Sympatico.

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