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Les tambours indiens résonnent pour la chef Theresa Spence

Depuis le 10 décembre 2012, Theresa Spence, la chef de la tribu des Attawapiskat, ne se nourrit que d’un bouillon de poisson. Installée dans un tipi face au Parlement canadien d’Ottawa, elle proteste contre un projet de loi qui, aux yeux des indiens, priverait les populations autochtones de leurs droits ancestraux sur leurs terres.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Theresa Spence a entamé une grève de la faim le 10 décembre 2012, pour dénoncer un projet de loi du gouvernement canadien (DR)

Ses détracteurs l’appellent « loi mammouth » en raison du nombre de dispositions qu’elle comporte. Ils considèrent également que cette loi constitue une menace pour l’environnement. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, selon les opposants, veut élargir les autorisations d’exploitation des sables bitumeux.
 
Une menace qui a agrégé tout un lot de contestataires au sein du mouvement Idle no more. Politiques, écologistes et surtout représentants des communautés autochtones. Car cette loi remettrait aussi en cause les droits des amérindiens sur leurs terres. Globalement la loi réduirait l’autonomie des territoires indiens en matière d’éducation et de gestion. La contestation gagne du terrain, et les manifestations se multiplient dans tout le Canada. Routes et voies ferrées sont régulièrement bloquées.

 
Conférence de presse de Theresa Spence devant son tipi où elle mène une grève de la faim (Photo : La Presse canadienne/ Fred Chartrand)

Une femme déterre la hache de guerre.
Une femme sort du lot. Theresa Spencer, 49 ans, chef de la tribu des Attawapiskat, un territoire dans le nord de l’Etat de l’Ontario, bordé par la baie d’Hudson. Il y a un an, elle avait déjà fait parler d’elle, en dénonçant la misère dans laquelle vivent les indiens de sa tribu. Elle avait décrété l’Etat d’urgence et fait venir la Croix-Rouge dans la réserve.
Des dizaines de ses administrés vivaient dans des abris de fortune, par un froid polaire sans eau ni électricité. C’est peu dire qu’elle s’est attiré l’inimitié de l’Etat fédéral, qui a essayé, sans succès de la faire remplacer à son poste pour gestion douteuse.
Ottawa a versé d’urgence des aides qui ont calmé le jeu, mais pas vraiment changé la donne pour les indiens.
 
Les Indiens en appellent à la Reine d'Angleterre
Theresa Spencer a, en revanche, acquis une notoriété parmi toutes les populations autochtones. Et aujourd’hui, on vient de loin pour prendre conseil auprès d’elle, tandis qu’elle mène son nouveau combat dans son tipi. Les tambours résonnent et les pipes sacrées fument pour soutenir la chef indienne.
Car pour Théresa Spencer, cette loi est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le symbole que les peuples autochtones sont les laissés pour compte du Canada.
Et, à ses yeux, il n'y a rien de folklorique à demander la médiation du représentant de la Couronne britannique.
« C’est en vertu des traités signés sous la Proclamation royale de 1763 que la colonisation de nos territoires a été permise. Toute la légitimité du Canada repose sur ces traités signés avec nos ancêtres. » précise la chef indienne. Jamais officiellement vaincus, les autochtones ont signé ces traités d’égal à égal.

 Voir le reportage de Radio Canada Ici

Aujourd’hui, ils ne sont plus que 1,2 millions répartis dans 615 tribus. Il y a un an, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, James Anaya dénonçait les conditions de vie dignes « du tiers-monde » des indiens Attawapiskat. Mais les autres tribus ne sont guère mieux loties.
Aussi, Theresa Spence n'est-t-elle pas la seule à avoir pris le sentier de la guerre. Les représentants des premières nations sont avec elle.

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