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Chine: une campagne pour la régularisation de 13 millions d'«enfants noirs»

Alors que Pékin permet désormais aux couples chinois d’avoir deux enfants, le quotidien officiel «China Daily» demande la régularisation des «enfants noirs» nés en violation de la politique de l'enfant unique. Privés d'état civil et de scolarité, ils sont exclus du système à moins que leurs parents ne s'acquittent d'une «taxe de maintenance sociale».
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le «hukou», le permis de résidence, est un sésame indispensable à une citoyenneté normale en Chine. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Vide juridique. Quelque 13 millions d’«enfants noirs» n’existent pas aux yeux de l’Etat chinois. Leurs parents ont enfreint la politique de l’enfant unique mais n'ont pas toujours eu la possibilité de s'acquitter de la «taxe de maintenance sociale» pour légaliser le nouveau-né supplémentaire.

Payer cette amende est pourtant le seul moyen d'obtenir le «hukou», le permis de résidence. Sans ce sésame, impossible pour ces enfants privés d'état-civil d'être scolarisés, de bénéficier d’une protection santé et par la suite d'un logement et d'un emploi déclaré.

Mais de nombreux foyers modestes n’ont pas cette possibilité faute de moyens. La famille de Li Xue, une Pékinoise de 22 ans rencontrée par l’AFP, en sait quelque chose. Elle raconte qu'à l'âge de six ans, elle regardait ses petits camarades partir à l’école alors qu’elle restait à la maison parce que, regrette-t-elle, «je n’avais pas de hukou». Avec une pension de 1000 yuans, impossible pour ses parents ouvriers en usine de régler les 5000 yuans réclamés par Pékin. «Quand elle était malade, on devait mendier des médicaments», explique sa mère déjà maman d'une fille de huit ans lorsque Li est née.

Des «enfants noirs» bien utiles à l'économie 
A la faveur de l'abolition récente de la loi sur l'enfant unique, et pour en finir avec ce néant administratif, le quotidien officiel anglophone China Daily a lancé une campagne exhortant les autorités chinoises à offrir une vie normale à ces enfants cachés. «Ils n’ont commis aucun acte répréhensible et devraient se voir offrir un statut légal leur donnant accès aux prestations sociales», plaide le journal. D'autant que l'importance de la somme exigée a tendance à favoriser les urbains par rapports aux ruraux qui gagnent moins d'argent, comme le souligne Geopolis.


A la fin des années 70, la Chine de Deng Xiaoping introduit la politique de limitation des naissances pour freiner une démographie galopante encouragée précédemment par Mao Tsé-Toung (1949-1976). Mais dès le début des années 2000, les inquiétudes au sujet de la baisse de la population en âge de travailler s'ajoutant à un vieillissement inexorable ont conduit les autorités chinoises à progressivement assouplir la loi. En 2002 d'abord puis en 2013 et, enfin, le 29 octobre 2015 avec l'abandon de la politique de l'enfant unique.

Ainsi, le gouvernement relançait le débat sur l'impact de la politique de limitation des naissances. Le 25 novembre 2015, le ministère de la Sécurité publique a promis de s’occuper des enfants sans «hukou». Un moyen de relancer l'économie chinoise en perte de vitesse?

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