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Des fonctionnaires et des chercheurs français espionnés par des Chinois via le réseau social Linkedin

Les services de renseignement français ont envoyé des messages d'alerte ces derniers jours.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le réseau social Linkedin consulté sur une tablette (photo d'illustration). (FRANK MAY / PICTURE ALLIANCE)

Des fonctionnaires et des chercheurs français ont commencé, ces derniers jours, à recevoir des mails d'alerte, les mettant en garde contre des tentatives d'espionnage chinois. Selon les informations recueillies par franceinfo mercredi 31 octobre, cette alerte vient de deux services de renseignements français, la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) et la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI).

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Dans une note commune et déclassifiée, les deux services évoquent une "opération d'envergure des services chinois en vue de pénétrer les plus hautes sphères de l'administration, des cercles du pouvoir et des grandes entreprises françaises".

De faux profils sur Linkedin

Ces tentatives d'espionnage se font en particulier à travers le réseau social professionnel Linkedin. Quelque 16 millions de personnes sont inscrites sur ce réseau en France. Si on se place du point de vue d'un service de renseignements, ce réseau axé sur les carrières et compétences professionnelles est une aubaine. Mais là où un service français ciblerait quelques personnes, les espions chinois peuvent appâter des milliers de cibles, avec plus de moyens humains et financiers.

Le renseignement chinois a créé des centaines de faux profils sur Linkedin, pour "tamponner" – c'est le jargon du milieu – des milliers de chercheurs et fonctionnaires français. C'est l'envergure de l'opération qui a conduit la DGSE et la DGSI à lancer l'alerte, sous forme d'une note qui irrigue depuis une bonne semaine administrations et institutions publiques.

Chantage

La note est ainsi rédigée :"Ils se présentent comme chasseurs de têtes, consultants ou encore responsables de think tank et proposent aux personnes ciblées des opportunités de collaboration généreusement rémunérées. En cas de réponse positive, la personne est invitée gracieusement à l'étranger pour participer à un séminaire, donner des conférences, rencontrer un potentiel client ou négocier les termes d'un contrat".

La personne se voit alors demander des notes de plus en plus précises et se met à collaborer, par naïveté, par appât du gain, par reconnaissance, ou par chantage.

Précautions à prendre

Dans les messages de la DGSE et de la DGSI destinés aux cibles potentielles, il y a aussi un mémo rappelant les précautions à prendre sur les réseaux sociaux, ce qu'on y met ou pas. Les cibles sont aussi invitées à prévenir immédiatement les hauts fonctionnaires de défense dans les ministères ou les délégués sécurité dans les agences publiques. La France n'est pas le seul pays visé. Des alertes similaires ont été lancées ces derniers mois par les États-Unis et l'Allemagne pour exactement les mêmes faits. 
Une quinzaine d'entreprises, dont la liste a été révélée par Le Figaro la semaine dernière, et confirmée à franceinfo par un service de renseignements, servent de paravent à ces approches chinoises : Association France Euro Chine, Center for Sino-Europe Development Studies, China Center of International Politics ans Economy, Esat Asia Human, Resources Consulting, Global View Strategic Consulting, Grow Human Resources, Huangzhou Association for International Exchange of Economy, Science and Technology, Iris Go Global, Move Human Resources, Rise Human Resources, Run Human Resources et Universal View Strategic Consulting.

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