Hong Kong : le stress post-traumatique en forte hausse du fait des manifestations
Hong Kong traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession en 1997, avec des manifestations très régulières et qui dégénèrent souvent en violences, face à la répression policière.
Les graves violences dans les rues de Hong Kong ne restent pas sans conséquences. Près du tiers des adultes hongkongais ont présenté des signes de trouble de stress post-traumatique (PTSD) depuis le début de la mobilisation en juin 2019, selon une étude publiée vendredi 10 janvier dans le journal The Lancet (en anglais).
Et plus de 10% de la population adulte a présenté des symptômes de probable dépression, soit une proportion comparable à celle qui s'observe lors de conflits armés ou à la suite d'attentats, selon des chercheurs de l'université de Hong Kong qui travaillent sur la santé psychique des habitants et en suivent l'évolution.
La consultation des réseaux sociaux joue un rôle
En comparaison, les chercheurs relevaient, en mars 2015, que seulement 5% des adultes présentaient des symptômes de PTSD, contre près de 32% des personnes observées entre septembre et novembre 2019. Par ailleurs, 11% des adultes présentent des symptômes de dépression actuellement, alors qu'ils n'étaient que 2% avant le Mouvement des parapluies et 6,5% en 2017, selon l'étude. Les chercheurs ont aussi observé que la consultation massive des réseaux sociaux pour suivre l'actualité politique paraissait contribuer au risque de dépression ou de PTSD.
Ainsi, la prévalence des symptômes de PTSD observée depuis le début de la crise politique est six fois plus élevée que celle qui avait été constatée après le précédent mouvement social de grande ampleur, en 2014, qui n'avait pas donné lieu aux graves violences de rue observées depuis sept mois.
"Un très grand enjeu de santé publique"
Pour les besoins de ce travail, les chercheurs ont mené nombre d'enquêtes auprès de 18 000 personnes entre 2009 et 2019. Ils affirment qu'il s'agit de la plus vaste et de la plus longue étude jamais menée dans le monde sur l'impact de troubles sociaux sur la santé mentale des habitants.
Ils observent en outre que ce travail pourrait, dans le cas de Hong Kong, sous-estimer l'impact des problèmes psychiques car ils ne se sont pas penchés sur les moins de 18 ans, qui forment une importante partie du contingent qui manifeste dans l'ex-colonie britannique. "Hong Kong n'a pas les ressources pour traiter cette hausse de problèmes psychologiques", a déclaré le professeur Gabriel Leung, doyen de la faculté de médecine à l'université de Hong Kong, qui a codirigé cette étude.
"Au moment où les troubles sociaux augmentent un peu partout dans le monde, et notamment dans de grandes villes comme Barcelone, Delhi, Paris ou Santiago en 2019, la question de l'impact des troubles sociaux sur la santé mentale des populations est devenu un très grand enjeu de santé publique", a estimé l'autre codirecteur de l'étude, Michael Ni, également de l'université de Hong Kong.
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