Vidéo "Chine, opérations secrètes" : comment un ex-agent des services secrets français a trahi son pays au profit de Pékin

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Un documentaire se penche sur la puissance des services secrets chinois.
Un ancien agent de la DGSE à la solde de Pékin Un documentaire se penche sur la puissance des services secrets chinois. (EverProd)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Le documentaire diffusé dimanche soir sur France 5 se plonge dans les tentaculaires services secrets chinois.

Longtemps, les risques d'ingérence de Pékin dans les pays étrangers ont été minorés par les services de renseignement occidentaux, qui préféraient concentrer leurs efforts sur la lutte contre la menace terroriste islamiste. L'espionnage chinois est pourtant aujourd'hui le plus actif et le plus puissant au monde. Le "Guoanbu", ministère de la Sécurité d'Etat chinois, est l'équivalent de la CIA américaine, de la DGSE française ou du Mossad israélien. Il peut compter sur plus de 100 000 agents et des moyens financiers colossaux, notamment au service d'une cyberarmée prête à utiliser toutes les ruses afin de faire de la Chine la première puissance mondiale à l'horizon de 2049, année du centenaire de la République populaire.

Le documentaire Chine, opérations secrètes, réalisé par Nolwenn Le Fustec et Antoine Izambard  décrypte les opérations de déstabilisation lancées par Pékin, en France, aux Etats-Unis ou en Afrique. Il expose comment ce pays traque ses dissidents politiques en exil, soutire les secrets industriels de ses rivaux et s'infiltre dans les grandes entreprises. Le film révèle également comment des agents de la DGSE sont devenus des espions à la solde de Pékin.

Adultère et trahison

En 2020, deux ex-agents secrets français, accusés d'avoir espionné le renseignement extérieur français pour le compte de Pékin, ont été condamnés à huit et douze ans de prison, pour "livraison d'information à une puissance étrangère", "atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation" et "intelligence avec une puissance étrangère". Danielle, l'ex-femme d'Henri Magnac, l'un des deux agents concernés, a accepté de témoigner dans le documentaire.

"C'était quelqu'un de droit, qui avait un esprit de famille, qui avait beaucoup de qualités, qui était professionnel. Non, je n'aurais jamais pu imaginer que les choses se déroulent ainsi."

Danielle, ex-femme d'Henri Magnac

"Chine, opérations secrètes"

En 1996, son mari devient chef de poste de la DGSE en Chine. Il part seul, sa femme ayant décidé de rester en France pour les études des enfants. Henri Magnac entame alors très rapidement une relation adultère avec l'interprète chinoise de l'ambassadeur de France à Pékin. "J'ai constaté tout de suite qu'il y avait beaucoup de dépenses : à l'hôtel, au restaurant, des vêtements... Ça m'a un petit peu alarmée, car Henri n'était pas du tout dépensier", témoigne Danielle.

Un documentaire révèle la force de frappe des services secrets chinois, les plus puissants du monde.
Le prix de la trahison d'un ex-agent de la DGSE Un documentaire révèle la force de frappe des services secrets chinois, les plus puissants du monde. (EverProd)

Elle décide alors d'aller le voir en Chine et comprend très vite la situation. Elle informe l'ambassadeur, la traductrice est renvoyée, et Henri Magnac est rapatrié de force en France et mis à la retraite.

Un manque de surveillance

"Bon, il est tombé amoureux soi-disant, livre de manière ironique Bernard Barbier, ex-directeur technique de la DGSE. C'est le piège classique. Quand vous êtes agent de la DGSE, ça peut conduire au fait que vous trahissiez votre pays. (...) Le fait que lui succombe à la tentation, obligatoirement, il devient une cible des services chinois." "Il était aigri, mécontent d'être rentré en France, mécontent d'être mis à la retraite, donc il en voulait un peu à tout le monde", relate Bernard Grelon, avocat de la DGSE, dans le documentaire.

Rejeté de tous, Henri Magnac décide de repartir en Chine, où il épouse l'ex-interprète. Il est alors très vite recruté par les services secrets chinois. "Pendant plusieurs années, il va donner, notamment, des informations sur l'organisation des services, l'organigramme de la DGSE, quelles sont les manières d'agir des services français... Tout cela donne des renseignements très utiles à l'adversaire", explique Bernard Grelon.

Le Guoanbu lui offre un travail, un appartement, une voiture de fonction et une rémunération de 5 000 euros par mois, sans compter les 10 000 euros à chaque information livrée. Il ne sera démasqué que de nombreuses années plus tard, n'ayant pas été surveillé comme il aurait dû l'être par la DGSE.

  

Le documentaire Chine, opérations secrètes, réalisé par Nolwenn Le Fustec et Antoine Izambard est diffusé dimanche 3 mars à 21h05 sur France 5 et sur france.tv.

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