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La Chine veut juger les jeunes escrocs taïwanais arrêtés à l'étranger

Tapei vient de renforcer son arsenal répressif contre les jeunes taïwanais qui se livrent à des arnaques téléphoniques à l'étranger. Mais Pékin va plus loin, en exigeant que les fraudeurs arrêtés hors de l'île soient extradés vers la Chine continentale où ils encourent la perpétuité. Depuis 2011, plus de 2.000 suspects ont été arrêtés dans une quinzaine de pays, notamment en Afrique.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Johnny Chiang, un législateur du parti du Kuomintang (KMT), présente un clip vidéo montrant les Taïwanais détenus dans un poste de police au Kenya, à Taipei, le 12 avril 2016. (SAM YEH / AFP )

En passant au crible les citoyens se rendant à l'étranger, la police taïwanaise est parvenue à arrêter, en novembre, 19 présumés malfaiteurs aux Philippines. Mais les autorités chinoises exigent aujourd'hui que ces malfaiteurs taïwanais, souvent des jeunes au chômage, soient désormais extradés vers la Chine. Alors que Taïwan compare ces extraditions à des «enlèvements», certains, dans l'opposition, jugent la perspective, que ces jeunes soient renvoyés en Chine continentale, tout à fait dissuasive.

Ils estiment que le laxisme de la justice de l'île face aux arnaques téléphoniques est à l'origine de l'imbroglio politico-judiciaire qui secoue Pékin et Tapei. «Jadis, Taïwan et la Chine enquêtaient conjointement sur les cas d'escroquerie, mais c'est devenu plus difficile avec le changement de majorité» sur l'île, explique Hsu Shu-hu, un élu du Kuomintang (KTM), parti pro-Pékin précédemment au pouvoir.

Une arnaque bien rodée
L'arnaque est bien rodée: la personne contactée pense avoir affaire à un officier de police lui demandant de transférer d’urgence de l’argent soit pour libérer un membre de sa famille en prison ou pour payer les frais d’hôpital d’un parent blessé. 

De janvier à octobre 2016, 10.600 affaires d'escroqueries téléphoniques ont été recensées. En deux ans, le nombre de ces arnaques a doublé alors que les malfaiteurs se sont mis à pirater des applications de messagerie comme Line pour obtenir les coordonnées bancaires de leurs victimes, le plus souvent des ressortissants de Chine continentale.

Expulsés d'Arménie ou du Kenya
D'après le Bureau chinois des affaires taïwanaises, le préjudice atteint plus de 1,5 milliard de dollars sur le continent chaque année. Depuis avril 2016, les autorités taïwanaises ont recensé près de 200 Taïwanais, soupçonnés d'escroquerie, qui ont été expulsés vers la Chine continentale. Ils commettaient leur forfait en Arménie, au Cambodge et au Kenya. L’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Indonésie et Philippines) a été laissée tomber au profit de l’Afrique.

Jusqu’ici, les suspects, généralement des Taïwanais mais aussi des Chinois, étaient renvoyés à Taïwan. Ces extraditions vers la Chine sont perçues comme un moyen de pression sur la présidente Tsai Ing-wen, élue en janvier et issue du Parti démocratique progressiste (PDP), formation hostile à Pékin.

Un chômage en hausse chez les jeunes
L'île nationaliste est séparée de la Chine depuis 1949 mais Pékin la considère toujours comme faisant partie intégrante de son territoire, n'excluant pas de la reprendre par la force. L'île-Etat a vu son taux de chômage progresser en février 2016 chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans s'établissant à 11,89%, contre 4,16% pour les  25-44 ans, et 2,2% pour les 45-64 ans.

Un jeune Taïwanais extradé du Kenya vers la Chine, en avril, a dit avoir agi pour offrir une «une vie meilleure» à son enfant. Dans ses «aveux» diffusés à la télévision taïwanaise,  Liu Tai-ting, 27 ans, a expliqué que ces arnaques téléphoniques lui avaient rapporté environ 8.000 dollars.

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