Les conséquences environnementales alarmantes de l’extraction des métaux rares
Omniprésents dans nos appareils numériques, les métaux rares nécessitent une extraction plus difficile et plus polluante pour la planète. Le journaliste Guillaume Pitron a enquêté sur ces métaux.
Tungstène, cobalt, graphite, indium… Ils sont dans tous nos appareils numériques et leur extraction est nocive pour la planète. Le journaliste Guillaume Pitron a enquêté pendant six ans sur ces métaux rares dans son livre La guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique. Il raconte.
Une "délocalisation de la pollution"
Aujourd’hui, l’extraction de ces métaux est majoritairement pratiquée en Chine, non seulement parce que "les réglementations environnementales sont moins strictes" mais aussi parce qu’il y a eu ce qu’il nomme une "délocalisation de la pollution". Dans les années 1980, dans les pays occidentaux et notamment la France, le journaliste explique qu’il y a eu progressivement "des réglementations environnementales extrêmement strictes et, de facto, toutes les activités minières sales et de raffinage ont été délocalisées dans des pays tels que la Chine, qui étaient près à sacrifier leur environnement pour récupérer une part de la richesse produite par ces métaux rares."
Dans son enquête, Guillaume Pitron a découvert que l’extraction des métaux rares est plus difficile que celle des métaux classiques et est nocive pour la planète : "La roche contient une infime dose de métaux rares. Pour séparer ces métaux rares de la roche, il va falloir des solvants chimiques qui vont souvent être rejetés dans la nature."
Or, en Mongolie intérieure par exemple, les eaux toxiques issues de l’extraction des métaux rares finissent par former des lacs. Les répercussions sur la population sont alarmantes pour le journaliste : "Tout autour, vous avez des riverains qui habitent par milliers dans ce qu'on appelle des "villages du cancer", car les gens meurent les uns après les autres. Et on peut supposer que c'est du fait de ce qu'ils boivent, respirent et mangent, issus de ces lacs de rejets toxiques, qu'ils meurent à petit feu."
Le problème du non-recyclage
D'autre part, Guillaume Pitron a soulevé un autre problème : le non recyclage de ces métaux. Ceci s’explique notamment parce que c’est "plus intéressant financièrement pour les industriels d'aller chercher les minerais directement à la mine. Du coup, on ne fait rien des métaux rares et il y en a une quantité importante qu'on ne recycle quasiment pas et pour certain d'entre eux c'est même moins de 1%."
Toutefois, le journaliste assure qu’il existe des alternatives. Notamment "la substitution", c’est-à-dire" remplacer un métal rare par un autre métal rare moins énergivore." Il préconise aussi "l’écoconception" : "Ça veut dire que votre téléphone portable, on va penser en amont de sa fabrication à la façon la plus simple de le recycler. Il faut absolument recycler 100% des métaux rares. Il y a évidemment une nécessité d'être plus sobre et modérés dans notre façon de consommer."
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