"Mes clients n'ont pas commandé depuis quatre ou cinq ans" : en Chine, les producteurs de vin français tentent de reconquérir un marché en berne

Entre ralentissement de l'économie chinoise et baisse de la consommation, les ventes de vin et spiritueux français sont compliquées. De retour à la foire de Chengdu, les producteurs tentent toutefois de reconquérir un marché désormais beaucoup moins favorable.
Article rédigé par Sébastien Berriot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une cinquantaine de vignerons français avaient fait le déplacement à la foire de Chengdu (Sébastien Berriot)

Avec le ralentissement de l'économie chinoise, le marché du vin en Chine est devenu bien compliqué pour les producteurs français. À la foire historique de Chendgu, qui se déroule en ce moment, une cinquantaine de producteurs français ont fait le déplacement pour la première fois depuis l'épidémie. C'est l'un des plus grands événements commerciaux chinois pour les boissons alcoolisées et les Français tentent d'y retrouver tant bien que mal des commandes.

Devant le stand des vins de la région Occitanie, on enchaîne dégustations et négociations. Un représentant de la cave coopérative Foncalieu, près de Carcassonne, qui travaille depuis plus de 20 ans avec les Chinois, est assez sceptique. "Pour le moment, les volumes ne sont pas encore au rendez-vous étant donné la difficulté économique de consommation dans le pays. C'est très difficile de savoir ce qui va se passer", confesse-t-il. 

Le ralentissement de l'économie chinoise a effectivement stoppé net le niveau des importations de vin français. "Avant, j'avais l'habitude d'importer chaque année plusieurs centaines de milliers de bouteilles de vin français du sud de la France. Jusqu'à 2 millions de bouteilles. Mais aujourd'hui, la quantité importée a été réduite de plus de moitié", confirme Fu Qing un importateur chinois de Shenzhen.

Des stocks à épuiser

La difficulté, ce sont les millions de bouteilles de vin français invendues et qui, depuis le Covid, continuent de s'accumuler dans les entrepôts chinois. "Tout s'est vraiment arrêté, ils n'ont rien vendu presque pendant trois ans. Et donc aujourd'hui ils ont des stocks. Mes clients qui ne m'ont pas commandé depuis quatre ou cinq ans me disent : 'Ne t'inquiète pas, on n'est pas parti ailleurs, on a encore du stock et donc il faut qu'on écoule ce stock pour un peu recommander'", explique Laurent Dubois, du domaine Château les Bertrands, dans le Bordelais.

La mauvaise santé de l'économie chinoise n'est pas seule en cause. La Chine fait aussi face à une évolution des comportements. Les jeunes Chinois consomment de moins en moins de vin depuis quatre ans. La consommation baisse de 15% en moyenne chaque année. "C'est inquiétant. Il y a des vins qui étaient consommés il y a quelques années, qui étaient découverts par des nouvelles générations de Chinois. Ce n'est plus le cas aujourd'hui", explique Jean-François Chabod, de la maison Jean Loron en Saône et Loire.

Et comme souvent en Chine, la politique se mêle à l'économie. Pékin a en effet lancé au début de l'année une enquête antitrust visant les alcools et spiritueux européens. En tant qu'acteurs majeurs en Chine, ce sont les grands groupes français Rémy Cointreau et Pernod Ricard qui pourraient en être les premières victimes.

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