Reportage "Avant, notre identité de catholique était floue" : la très symbolique reconnaissance de l’évêque "clandestin" de Tianjin par Pékin

Ordonné évêque en 1982 et nommé en 2019, Melchior Shi Hongzhen, 96 ans, était jusqu'il y a peu considéré comme "clandestin" : il avait refusé de rejoindre l'Eglise officielle, encadrée par le parti communiste. Il a désormais était reconnu officiellement par les autorités chinoises.
Article rédigé par Sébastien Berriot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Âgé de 96 ans, l'évêque Melchior Shi Hongzhen était considéré comme "clandestin", ayant refusé de rejoindre l'Eglise officielle. (CLEO LENOIR)

Dernière étape de la longue tournée du pape en Asie : François est arrivé, mercredi 11 septembre, à Singapour pour une visite de deux jours. Dans cette tournée asiatique, il y a une grande absente :  la Chine. Pékin n'a en effet pas de relations diplomatiques avec le Vatican : les catholiques du pays sont divisés entre l'Eglise officielle encadrée par le parti communiste et l'Eglise clandestine, fidèle au pape. Mais malgré ces tensions, on assiste à un rapprochement qui s'est illustrée il y a quelques jours avec la reconnaissance par les autorités chinoises lors d'une cérémonie officielle, de l'évêque "clandestin" de Tianjin.

Âgé de 96 ans, Melchior Shi Hongzhen, ordonné évêque en 1982, avait été nommé en 2019 par le pape évêque de Tianjin, grande ville portuaire à 150 km de Pékin, mais était considéré comme "clandestin", car ayant refusé de rejoindre l'Eglise officielle. "Cette mesure est un fruit positif du dialogue établi ces dernières années entre le Saint-Siège et le gouvernement chinois", s'est réjoui le Vatican dans un communiqué.

Une église au bord de l'autoroute

Pour une partie des 56 000 fidèles du diocèse de Tianjin, répartis dans 21 paroisses, il s'agit d'une petite révolution. Après des années de clandestinité, la communauté avec son évêque est désormais reconnue par le parti communiste. Même si à 96 ans, le prélat n'a pas souhaité rejoindre l'évêché officiel dans le centre-ville : il continue de célébrer la messe dans sa petite église anciennement clandestine, au bord d'une autoroute.

Malgré sa reconnaissance par Pékin, l'évêque de Tianjin continue de célébrer la messe dans sa petite église anciennement clandestine, au bord d'une autoroute. (SEBASTIEN BERRIOT / FRANCEINFO)

Cette reconnaissance soulage certains fidèles : "C'est une bonne chose. Nous attendions cela avec impatience. Avant, notre identité de catholique était floue", confie un paroissien. Pour cette jeune femme, la reconnaissance du gouvernement chinois est un passage obligé : "Le gouvernement ne peut pas représenter nos croyances, mais nous vivons dans ce pays et nous respectons les lois. Et c'est mieux que le catholicisme soit reconnu par le gouvernement chinois pour qu'il puisse se développer sainement", sourit-elle.

Mais rejoindre l'Église officielle ne plaît pas à tous les fidèles. Cette femme, qui reste anonyme, a du mal à accepter : "Je ne suis pas contente. Je suis mal à l'aise parce que moi, je me considère comme une chrétienne faisant partie de l'Église clandestine". 

Tous les fidèles ont un espoir commun : que les relations entre la Chine et le Vatican s'améliorent pour permettre un jour une visite du pape à Pékin. "Le pape est notre leader, j'aimerais tant qu'il vienne ici.  Il représente le vrai  catholicisme. De la génération de mon grand-père à la mienne, c'est ainsi que avons toujours pensé." explique un homme à la fin de la messe.

Même si il n’y pas de relations diplomatiques entre le Vatican et la Chine, des contacts existent. Un émissaire du Saint-Siège est par exemple venu à Pékin l'an passé. En 2018, un accord bitatéral a été conclu sur la nomination des évêques en Chine et renouvellé deux fois en 2020 et 2022.

la très symbolique reconnaissance de l’évêque "clandestin" de Tianjin par Pékin. Reportage de Sébastien Berriot

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