Comment les anti-Netanyahu ont mené la bataille, "Merci, salut"
Plus de 5 millions d'Israéliens sont appelés aux urnes ce mardi. Et la règle d'or pour comprendre les élections israéliennes, c'est que le parti qui arrivera en tête ne sera pas forcément celui qui dirigera le prochain gouvernement. Autrement dit, ces élections ne sont que le prélude à de longues tractations de couloir. En effet, pour devenir Premier ministre en Israël, il faut pouvoir réunir une majorité gouvernementale. La Knesset compte 120 députés, il faut donc s'assurer du soutien de 61 députés.
Ce qui est sûr c'est qu'après six ans d'affilée au poste de Premier ministre, Benjamin Netanyahu risque gros. Les derniers sondages laissent entrevoir la possibilité d'une victoire du centre-gauche, encore inespérée il y a quelques semaines, une victoire qui est toutefois loin d'être acquise. Mais succès de la gauche ou pas, cette campagne et cette élection se sont transformées en un référendum "pour ou contre Bibi".
V15 : une organisation de 25.000 volontaires
Et les anti-Netanyahu ont usé de tous les moyens pour lui faire quitter le pouvoir. Certains osent la comparaison : il planait sur ces derniers jours de campagne en Israël comme un petit parfum de Yes We Can, le slogan de la campagne d'Obama en 2008. Avec ce mot d'ordre "Maintenant On Change".
Voilà par exemple la dernière vidéo d'une organisation qui s'est beaucoup inspirée de cette campagne. Une porte qui se referme sur Netanyahu et sa femme Sarah. "Merci. Salut". C'est la dernière production du V15 pour Victoire 2015, un mouvement citoyen de 25.000 volontaires. Ses fondateurs, financés par de riches Américains, ont eu recours aux meilleurs stratèges de la campagne Obama de 2008. Et à la même technique : du porte à porte systématique dans les zones susceptibles de voter au centre gauche.
D'anciens officiers de l'armée israélienne contre Bibi
Une autre campagne anti-Netanyahu a par exemple été organisée cette fois par d'anciens officiers de l'armée israélienne. Ils sont 200 à s'être engagés publiquement contre Bibi. Des généraux de l'armée mais aussi des services secrets, du Shin Beth et du Mossad. Comme Amiram Levin, ancien directeur adjoint du Mossad, qui démolit le bilan de Netanyahu sur la sécurité : deux guerres à Gaza, sans solution. Et surtout un processus de paix dans une totale impasse.
Et puis, il y a eu une manifestation inattendue à Tel Aviv. Alors que le camp de la paix ne réunissait que quelques milliers de personnes ces dernières années, il y a 10 jours, ils étaient près de 80.000 sur la place Rabin. Là encore c'est une organisation citoyenne, Million Hands (Un million de mains), financée encore par des donateurs du monde entier, qui a organisé l'événement.
Netanyahu reste la figure politique la plus populaire
Malgré tout, cela va quand même être très dur de mettre Bibi à la porte. Car ce "Tout Sauf Bibi" est surtout le fait des classes supérieures de Tel Aviv. Netanyahu y voit même, dit-il, une sorte de complot de l'étranger pour le faire tomber. Et cette rhétorique continue de marcher. Netanyahu est usé par le pouvoir mais il reste malgré tout la figure politique la plus populaire en Israël.
Un chiffre reflète ce paradoxe. Le parti de Netanyahu, le Likoud, est distancé dans les sondages. Mais pour près de 50% des Israéliens, Benjamin Netanyahu reste le mieux qualifié pour être Premier ministre, près de 15 points devant son rival travailliste Herzog.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.