Pourquoi la Corée du Nord veut rouvrir ses frontières aux touristes occidentaux en fin d'année ?

Après quatre ans de fermeture, la Corée du Nord devrait rouvrir ses frontières aux touristes occidentaux en décembre. Un processus lent pour l'un des pays les plus fermés au monde.
Article rédigé par franceinfo - Simon Kremer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des Nord-Coréens montrent leur respect devant les statues des anciens leaders, Kim Il-Sung et Kim Jong-II à Pyongyang, le 15 août 2024. (KIM WON JIN / AFP)

Coupée du monde depuis 2020, la Corée du Nord se rouvre progressivement aux touristes étrangers. À partir de décembre 2024, les Occidentaux pourront à nouveau s'y rendre, selon plusieurs voyagistes chinois. Ils y rejoindront les quelques délégations de touristes russes et chinois déjà autorisées à se rendre en Corée du Nord depuis février 2024. Franceinfo fait le point sur cette situation avec Pierre-Olivier François, journaliste-réalisateur de documentaires et spécialiste de la Corée.

Une fermeture quasi totale aux étrangers depuis le Covid

Le pays des Kim avait fermé ses frontières début 2020 en raison de la crise du Covid-19. "Ils ont été très restrictifs en faisant quitter le territoire nord-coréen à presque tous les étrangers. La version officielle du pays est qu'il a voulu mettre sa population à l'abri de tout risque du Covid, explique Pierre-Olivier François, spécialiste de la Corée. La Corée du Nord avait déjà été très restrictive à l'époque du Sras, car une partie de la population est mal nourrie et serait possiblement plus facilement atteignable par un virus tel que le Covid. La fermeture a été telle que les Nord-Coréens bloqués à l'étranger n'ont pas pu rentrer pendant trois ans."

Un retour circonscrit à une seule ville pour le moment

Le retour des touristes occidentaux devrait, dans un premier temps, concerner la ville de Samjiyon, dans le nord-est du pays. Cette ville nouvelle, bâtie à proximité de la frontière sino-coréenne et au pied du mont Paektu, est symbolique dans l'esprit nord-coréen. "C'est ici que serait né le premier Coréen mythique et c'est également un lieu où se trouve l'un des QG de combat de Kim Il-Sung, le fondateur de la Corée du Nord, dans la guerre contre les occupants japonais entre 1940 et 1943", raconte Pierre-Olivier François.

La ville, conçue comme un "modèle de ville de montagne", est dotée d'une station de ski, d'hôtels, d'installations commerciales et culturelles qui intéressent d'abord les touristes chinois. "La Corée du Nord n'est pas uniquement focalisée sur l'Occident, explique Pierre-Olivier François. Cette ville est d'abord pour sa population. Et si ça peut servir à développer du tourisme vers les Chinois, qui sont quand même les plus nombreux et juste à côté, ou vers les Occidentaux, tant mieux, ça fait rentrer des devises."

Une potentielle réouverture de Pyongyang dans les prochains mois

Avant 2020, la Corée du Nord accueillait chaque année quelque 5 000 touristes occidentaux, dont 20% d'Américains. Mais depuis 2017 et la mort d'un étudiant américain, Otto Warmbier, Washington interdisait tout voyage à ses ressortissants dans le pays. La Corée du Sud interdit également à ses citoyens de se rendre chez le voisin du nord. Après pratiquement cinq ans de fermeture, les touristes occidentaux, hors Américains et Sud-coréens donc, pourront à nouveau se rendre dans cette destination, parfois qualifiée de "dark tourism".

Après l'ouverture de Samjiyon en décembre, le reste du pays, dont la capitale Pyongyang, devrait également accueillir, dans les mois qui suivent, des délégations de touristes occidentaux. La métropole de plus de 3 millions d'habitants concentre les lieux de pouvoirs et les principaux monuments du pays. Un lieu sensible qui obligeait les groupes ou touristes individuels à être accompagnés par au moins deux guides nord-coréens avant 2019.

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