Crash du MH17 : "Là, sous mes yeux, un pied complètement calciné"
Le vol MH17 a explosé jeudi au-dessus de l'Ukraine, à 50 kilomètres de la frontière avec la Russie, peut-être abattu par un missile sol-air dont l'origine reste cependant encore incertaine. Il n'est pas tombé en un seul morceau, ce qui veut dire que les débris de l’appareil et surtout les cadavres sont dispersés sur plusieurs kilomètres, rapporte ce vendredi matin Damien Simonart, envoyé spécial de France Info sur les lieux du crash.
"En fonction de l’endroit où l’on se trouve, on peut voir des cadavres relativement reconnaissables, par contre ailleurs, il y a des membres arrachés. Ce sont des scènes absolument horribles et les secouristes en ce moment ratissent, forment des rangés et avec des bâtons ils marquent les endroits où il y a des restes de corps humains, des bâtons avec de petits fanions blancs. Et donc je peux vous dire qu’en regardant le champ en face de moi, il y a malheureusement beaucoup de beaucoup de fanions ", racontait-il ce matin en direct sur notre antenne.
"Je dois faire attention où je mets les pieds parce qu’il y a énormément d’ossements humains"
Arrivé sur les lieux dès jeudi, Damien Simonart souligne que la zone n’a pas été particulièrement sécurisée depuis. "En ce qui concerne les corps humains, les cadavres n’ont pas été évacués. En ce qui concerne le matériel, il y a une zone qui paraît un peu ratissée mais c’est difficile à confirmer puisqu’hier nous sommes arrivés pratiquement de nuit, il y avait encore du feu, de la fumée, c’est difficile de distinguer le sol ", explique-t-il.
"Ce qui est sûr c’est qu’il n’y a pas de cordon de sécurité au moment où je vous parle. Je suis en train de marcher en plein milieu des débris. A ma droite, il y a un réacteur complètement cabossé, brûlé. Je dois faire attention où je mets les pieds parce qu’il y a énormément d’ossements humains, il y a des restes aussi malheureusement. Là, sous mes yeux, un pied complètement calciné, noir, arraché, un bout de pied, c’est pour vous dire l’horreur dans laquelle on se trouve ", rapporte l’envoyé spécial de France Info.
Une présence militaire discrète
Paradoxalement, la situation est très calme et il y a très peu de curieux. "Certes, il y a des barrages à l’entrée de la zone et nous, journalistes, avec l’accréditation de la République autoproclamée de Donetsk, nous avons accès à la zone, mais même les habitants ici ne viennent pas spécialement regarder. Ils vivent comme si pratiquement rien ne s’était passé ", constate Damien Simonart.
"La présence militaire rebelle est vraiment beaucoup moins grande qu’hier soir. Ils sont sept, huit rebelles à côté de moi qui me regardent. Sans doute, ils me feraient une remarque si je voulais prendre un débris ou quelque chose mais très honnêtement ce n’est pas une surveillance accrue et le périmètre n’est pas bouclé comme on pourrait s’y attendre pour une telle catastrophe ", poursuit-il.
La théorie du missile perdu
Ce vendredi matin, la situation est très calme dans cette zone de l’Ukraine, pourtant le théâtre il y a encore quelques heures de combats. "Hier on a entendu quelques coups de feu en arrivant mais c’était des coups de feu assez isolés et assez lointains, mais c’est une zone effectivement où l’aviation ukrainienne pilonnait les positions des forces rebelles il y a encore quelques jours ", explique l’envoyé spécial de France Info dans cette partie est de l’Ukraine.
"Les rebelles eux-mêmes sont équipés de canons anti-aériens. On a même vu des missiles beaucoup plus grands que des missiles sol-airs dont parlent les officiels ce matin ", explique-t-il. Et de souligner ce dernier détail d’une grande importance : "Au milieu de ces combats, nous avons vu à plusieurs reprises des avions commerciaux voler. La théorie du missile perdu est plus que vraisemblable "…
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