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Crimes contre l'humanité en Corée du Nord : l'ONU accuse

Des centaines de responsables nord-coréens pourraient être responsables de violations des droits de l'Homme et de crimes contre l'humanité, selon un rapport des Nations-Unies. Une équipe d'enquêteurs a entendu pendant un an des réfugiés - sans pouvoir se rendre dans le pays. Le rapport est édifiant, et propose de saisir la Cour pénale internationale. Pyongyang rejette évidemment ce texte.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (KCNA Reuters)

Des violations massives des droits de l'Homme, des crimes contre l'humanité... En présentant son rapport aujourd'hui, l'Australien Michael Kirby a commencé par ce parallèle : "A la fin de la Seconde guerre mondiale, tant de gens ont dit : Nous ne savions pas. Maintenant, la communauté internationale sait."

Pendant un an, une commission d'enquête de l'ONU, composée de trois éminents juristes internationaux, a travaillé sur la situation en Corée du Nord. Elle n'a jamais réussi à aller dans le pays, et a dû se contenter d'interroger des réfugiés en Corée du Sud, au Japon, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Saisine de la Cour pénale internationale ?

Son rapport de 372 pages est édifiant. "Des centaines de milliers de prisonniers politiques ont péri dans des camps pendant les 50 dernières années, graduellement éliminés par des famines délibérées, le travail forcé, les exécutions, la torture, les viols" . Et ce n'est pas fini. Selon les juristes, "80.000 à 120.000 prisonniers politiques sont actuellement détenus dans quatre grands camps prisons" .

Au final, "la Commission a établi que des violations systématiques, étendues et grossières des droits de l'Homme ont été et sont commises par la République populaire démocratique de Corée, et dans de nombreux cas, ces violations constituent des crimes contre l'humanité" . Elle appelle, dans ses conclusions, le Conseil de sécurité de l'ONU à saisir la Cour pénale internationale. Pour juger des centaines de responsables.

Dans un courrier adressé à Kim Jong-un, la commission prévient que tous les responsables, "y compris éventuellement vous" , devront répondre de leurs actes devant la justice internationale - voilà qui tranche avec le langage diplomatique habituellement en vigueur...

Veto chinois ?

Une demande qui n'a que peu de chances d'être exaucée : la Chine, membre du Conseil de sécurité, et partenaire indéfectible de Pyongyang, a fait savoir, avant même la publication du rapport, qu'il en était hors de question. "Notre position à ce sujet est claire : les questions relatives aux droits de l'homme doivent être résolues grâce à un dialogue constructif sur un pied d'égalité", a expliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Quant à la Corée du Nord, la réponse est encore plus claire : ce rapport est le "produit de la politisation des droits de l'Homme menée par l'Union Européenne et le Japon, en accord avec la politique hostile des Etats-Unis" .

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