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Ouverture d'une enquête sur la vente de matériel de surveillance à l'Égypte : "l'impunité n'est plus la règle absolue"

Pour l'avocat et président d'honneur de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme, Patrick Baudoin, les sociétés comme Nexa Technologies bénéficient "d'une sorte de feu vert des autorités françaises".

Article rédigé par franceinfo
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Patrick Baudoin, le 4 mai 2012. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Deux juges d'instruction français enquêtent sur la société Nexa Technologies (anciennement Amesys), soupçonnée d'avoir vendu du matériel de cybersurveillance au régime du président égyptien Al-Sissi pour l'aider à traquer ses opposants, a confirmé à franceinfo la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH), à l'origine de la plainte avec la Ligue des Droits de l'Homme (LDH).

"Cette information judiciaire montre que l'impunité n'est plus la règle absolue", s'est félicité Patrick Baudoin, avocat et président d'honneur de la FIDH, interrogé par franceinfo. "On s'étonne de voir la France, qui dans les enceintes internationales sait se faire la porte-parole du respect des droits de l'Homme, laisser avaliser le comportement de certaines sociétés françaises", dénonce-t-il. Pour l'avocat, ces sociétés comme Nexa Technologies bénéficient "d'une sorte de feu vert des autorités françaises".

"Beaucoup [de prisonniers] se sont fait interpeller sur la base d'une surveillance"

Cette enquête pour "complicité d'actes de torture et de disparition forcée", a été confiée en novembre au pôle crimes contre l'humanité à Paris. L'Égypte "recourt systématiquement à la torture, aux disparitions forcées, aux arrestations arbitraires. On compte 40 000 prisonniers politiques en Égypte, ce qui est considérable. Beaucoup se sont fait interpeller sur la base d'une surveillance", avance Patrick Baudoin, qui évoque des "crimes contre l'humanité".

Une autre information judiciaire visant la vente de matériel en Libye sous le régime du colonel Mouammar Kadhafi est toujours en cours : "L'instruction a déjà beaucoup avancé, elle a déjà permis de mettre en difficulté la société Amesys [maintenant Nexa Technologies]", relève Patrick Baudoin. "Donc on s'étonne de la persévérance de cette société à continuer à vendre du matériel à des régimes qui bafouent totalement les droits de l'homme", poursuit-il.

"Des sociétés de ce type se rendent complices de régimes qui violent les droits de l'homme"

"Nous estimons que des sociétés de ce type, qui rentrent dans ce business pour des fins de rentabilité se rendent complices de régimes qui violent les droits de l'homme", explique Patrick Baudoin.

La FIDH compte maintenant faire témoigner "des personnes victimes d'actes de torture ou d'arrestations arbitraires (...) pour permettre d'établir un lien entre ces actes et le matériel de surveillance et fournis par la société Amesys", et notamment pour "aller vers une mise en cause de cette société, donc une responsabilité pénale" de la société, mais aussi des personnes physiques qui y travaillent.

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