Biodiversité : protéger les sites classés de l'Unesco relève d'"une responsabilité collective", souligne le président du Muséum national d'histoire naturelle
"C'est une responsabilité collective que de faire en sorte que ces sites perdurent et soient protégés", insiste jeudi 31 août sur franceinfo Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle, alors que l'Unesco alerte sur la préservation des sites du patrimoine mondial. Selon une cartographie publiée jeudi, un tiers de ces sanctuaires de la biodiversité sont pourtant menacés par le dérèglement climatique, le braconnage ou encore la déforestation.
Les 1 157 sites naturels et culturels inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco représentent moins de 1% de la surface terrestre mais abritent en revanche plus d'un cinquième de la richesses mondiale des espèces cartographiées, selon l'agence onusienne, soit plus de 30 000 espèces de mammifères, d'oiseaux, de poissons, de reptiles et d'amphibiens. Bruno David rappelle que ces sites, dont 50% se trouvent sur le continent africain, ont été "sélectionnés pour la richesse de la biodiversité" : leur labellisation au patrimoine mondial de l'Humanité permet "de protéger un très grand nombre d'espèces menacées", comme le Vaquita, le plus petit cétacé du globe ou les rhinocéros de Java.
"Mais ces sites sont sous pression", regrette le président du Muséum national d'histoire naturelle. Si un tiers des sites naturels de l'Unesco sont menacés c'est en raison "du changement climatique ou des pressions anthropiques [dues à l'existence et à la présence d'humains]". Par exemple, certaines espèces qui trouvent refuge sur ces sites "peuvent se déplacer et sortir de la zone protégée", mais "d'autres ne peuvent pas se déplacer et subiront de plein fouet ce réchauffement", explique ce spécialiste de la biodiversité.
Préserver ces sites sera donc indispensable, selon l'Unesco, qui appelle à une prise de conscience et demande aux gouvernements de renforcer la protection des sites naturels. "Pour les questions anthropiques, il n'est jamais trop tard", indique Bruno David. En revanche, il craint que pour les conséquences du changement climatique "le coup soit déjà parti". "Tout ce qu'on fera pour ralentir [ce dérèglement] sera bon à prendre, mais il y a une inertie dans le système qui fait que le coup est un petit peu parti", ajoute le président du Muséum national d’histoire naturelle. Il considère qu'avec "un réchauffement à 4 degrés, le pourcentage d'espèces menacées pourrait dépasser les 50% à la fin du siècle". Face à ce constat, Bruno David en appelle donc directement aux États pour mettre en place "une police de l'environnement". Et si ces gouvernements n'en ont pas la capacité, "ce qui faudrait, ce serait de les aider", affirme l'expert de la biodiversité.
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