: Carte Visualisez en un gif comment le loup a mis la patte sur le territoire français
Cinquante-trois. C'est le nombre de départements qu'a reconquis le loup depuis sa réapparition sur le territoire hexagonal, sans réintroduction volontaire de la part de l'humain, dans les années 1990. Le plan national d'action sur le loup 2024-2029, présenté lundi 18 septembre par les ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique, doit ainsi apporter des réponses aux questions levées par la présence croissante du canidé. En jeu, notamment : les méthodes de comptage et les quotas autorisés de loups abattus chaque année.
L'animal a en effet regagné du terrain après avoir disparu des campagnes françaises au début du XXe siècle. Classé "espèce strictement protégée" dans toute l'Europe par la Convention de Berne, en 1979, le loup a pu réinvestir son habitat naturel. A partir des années 1990, des bêtes venues d'ailleurs en Europe ont de nouveau été observées dans les Alpes françaises.
"L'évolution de la réglementation, la présence de loups en Italie et en Allemagne, la reforestation qui a fait augmenter la population de chevreuils, de cerfs et de sangliers, a vraiment permis à l'espèce de se réimplanter en France", explique Nicolas Jean, directeur adjoint chargé des grands prédateurs terrestres au sein de l'Office français de la biodiversité (OFB).
Une lente reconquête par les Alpes
C'est également dans les années 1990 que l'Office français de la biodiversité monte le réseau loup-lynx. Chaque année, entre octobre et avril, à la période où les loups sont les plus statiques, des professionnels et bénévoles collectent les indices de présence du loup, qui, couplés avec des analyses ADN de selles et de poils relevés sur le terrain et adossés à des méthodes statistiques, leur permettent de calculer une estimation annuelle du nombre d'individus à l'échelle nationale.
Longtemps cantonnées aux montagnes du sud-est de la France, les meutes, qui peuvent parcourir jusqu'à 40 km par jour selon les spécialistes, ont petit à petit étendu leur aire de présence. En 2022, des individus isolés ont même été observés dans l'ouest de la France. Cette présence n'est toutefois pas visible sur cette carte, les données géographiques s'arrêtant en 2020. Début septembre, l'Office français de la biodiversité a ainsi donné une estimation provisoire de 1 104 loups en France en 2023.
Depuis le début du dernier plan national d'action, daté de 2018, le nombre d'individus a presque doublé, passant de 571 à 1 104. "Aujourd'hui, la population de loups en France est viable", résume Nicolas Jean.
Un chiffre contesté par les éleveurs
Mais ce chiffre ne fait pas consensus. "Il ne correspond pas à ce que nous constatons sur le terrain. La population réelle de loups est très supérieure à l'estimation donnée", conteste Cédric Labouret, éleveur de vaches laitières en Savoie et représentant des Chambres d'agriculture au sein du Groupe national loup.
Pour beaucoup d'éleveurs, le nombre de loups affiché par l'OFB n'est pas cohérent avec le nombre d'attaques relevées : 12 526 en 2022, a appris franceinfo auprès du ministère de l'Agriculture. Et ces estimations annuelles sont d'autant plus contestées qu'elles permettent de calculer le nombre de loups qui pourront être abattus légalement chaque année. Avec l'actuel PNA, 19% des effectifs estimés sont autorisés à être tués en un an.
Les éleveurs remettent ainsi en cause les méthodes de décompte de l'Office français de la biodiversité. "Les indices de présence du loup sont en majorité remontés par des bénévoles et les attaques de troupeaux ne sont pas considérées comme des signes de présence du loup sur le territoire", assène l'éleveur. Le responsable de l'OFB répond que "80% des effectifs du réseau loup-lynx est composé de professionnels, personnels de l'OFB ou des parcs nationaux".
"Etant donné que de plus en plus de zones sont concernées par la prédation du loup, il faut que l'Office français de la biodiversité réactualise ses méthodes statistiques et revoie ses méthodes de calcul", affirme Claude Font, secrétaire général de la Fédération nationale ovine et éleveur de brebis en Haute-Loire. "Les mêmes méthodes sont employées à l'étranger. Elles ont été soumises à des biologistes et des statisticiens", répond le responsable de l'OFB. Le ministère de l'Agriculture a, lui, d'ores et déjà annoncé que, dans le cadre du nouveau PNA, les méthodes de comptages seraient revues.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.