Reportage "J'essaye de sauver ce que je peux sauver" : nouvelle saison catastrophique pour les apiculteurs français

La météo pluvieuse du printemps a perturbé l'activité des abeilles. Au point que certains envisagent d'arrêter leur activité, qui ne les fait plus vivre correctement.
Article rédigé par franceinfo - Mathis Tropini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Près de Saint-Quentin-en-Yvelines, Amor Kaabia est apiculteur depuis 25 ans. (MATHIS TROPINI / RADIOFRANCE)

Les apiculteurs souffrent depuis plusieurs années de conditions météo difficiles : sécheresse, pluies abondantes, mais aussi multiplication des frelons asiatiques. Cette année, après un printemps et un début d’été pluvieux et pas assez chaud, les récoltes de miel sont au plus bas. Près de Saint-Quentin-en-Yvelines, franceinfo a rencontré Amor Kaabia, apiculteur depuis 25 ans. Il a 250 ruches, sur 15 sites différents en Ile-de-France, et a été particulièrement frappé par la météo pluvieuse du printemps. C’est la pire récolte qu’il n’a jamais connue.

Devant ses ruches, Amor compte ses pertes après les fortes pluies du printemps : "Là-bas, j'avais une ruche où la moitié (des abeilles) étaient mortes de faim. Ici, il y a deux ruches, pareil, qui sont parties. Ça fait des tapis d'abeilles, ça fait mal au cœur." L'apiculteur a perdu une trentaine de ruches au printemps, c'est la première fois que des abeilles meurent à ce moment-là, faute d'avoir pu sortir se nourrir à cause de la pluie.

"Il faut se rendre compte, au sol, il y avait vraiment des tapis d'abeilles mortes, on est des passionnés ça fait mal au cœur."

Amor, apiculteur

à franceinfo

Ces pertes viennent s'ajouter à celles de l'hiver, plus habituelles. En tout, il a perdu en un an près d'une centaine de ruches. Des abeilles qui meurent de faim au printemps, au moment de la pollinisation, l’apiculteur n’avait jamais vu ça : "Les abeilles ne sortaient pas parce qu'il faisait mauvais, avec des nuages. Certains jours, il faisait huit degrés la journée, on n'a jamais eu ça. Ça fait 15 ans que je suis en France je n'avais jamais vu une année pareille."

"Trouver un autre métier pour vivre"

Conséquence : une récolte catastrophique, avec trois fois moins de miel que l’année dernière. Alors qu'il embauche habituellement un saisonnier, aujourd’hui, Amor ne peut même plus se verser de salaire et travaille douze heures par jour : "Parfois je déplace les abeilles la nuit, je fais la récolte le jour, et l'après-midi l'extraction du miel pour sauver mon cheptel, pour continuer à être apiculteur."

Amor cherche à déplacer une partie de ses ruches sur des emplacements plus ensoleillés, avec plus de fleurs à butiner aux alentours. Pour ça, il démarche des agriculteurs pour entreposer des ruches sur leurs terrain, en échange de miel. Mais pour la première fois, il envisage aussi d'arrêter son activité. "Si ça continue comme ça, peut-être qu'un jour je vais me trouver un autre métier pour vivre." Pour tenir, Amor a dû augmenter ses prix de 10% mais ça ne suffit pas pour compenser les pertes.

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