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Traité pour protéger la haute mer : "S'il n'est pas adopté avant la fin de l'année, il sera probablement enterré", s'inquiète une eurodéputée Renaissance

Suite à l'échec de la cinquième session de négociations du traité de protection de la haute mer, l'eurodéputée Renaissance Catherine Chabaud tire la sonnette d'alarme. De nombreuses considérations géopolitiques semblent freiner l'adoption du traité, qui pourrait ne jamais voir le jour. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La cinquième session de négociations du traité de protection de la haute mer, qui s'était ouverte le 15 août 2022 entre états membres de l'ONU, n'a pas abouti. Le traité vise à protéger la haute mer, une ressource vitale mais fragile qui couvre près de la moitié de la planète. (DANIEL SLIM / AFP)

"C'est beaucoup de déception", reconnaît ce samedi sur franceinfo l'eurodéputée Renaissance Catherine Chabaud. Après deux semaines de négociations, la cinquième session de négociations du traité de protection de la haute mer n'a encore une fois pas permis d'aboutir à un accord entre les États membres de l'ONU. "S'il n'est pas adopté avant la fin de l'année, il sera probablement définitivement enterré", s'inquiète la navigatrice.

franceinfo : Quelle a été votre première réaction après ce nouvel échec ?

Catherine Chabaud : C'est beaucoup de déception. Cela fait 20 ans qu'on essaie d'avancer sur cette protection de la biodiversité en haute mer, c'est-à-dire au-delà des zones économiques exclues. Ça représente 64% de la surface de la planète. Malgré tout, on a quand même beaucoup avancé. Les retours que j'ai de négociateurs à New York parlent d'avancées majeures. L'Union européenne et la France se sont notamment dit qu'il fallait aboutir sur le sujet avant la fin de l'année 2022. On n'a pas été capable d'aboutir hier soir, probablement pour des raisons géopolitiques.

Quels points ont achoppé ?

Dans la négociation pour préserver la biodiversité, il y a quatre axes. D'abord, la création d'aires marines protégées. Ensuite, le sujet des ressources énergétiques. Et comme à mesure qu'on connaît un peu mieux l'océan, on découvre de formidables molécules avec lesquelles on va fabriquer des médicaments ou des cosmétiques, les troisième et quatrième axes sont le transfert de technologie et le partage des bénéfices. Comment des États, qui n'ont pas la capacité d'aller exploiter ces ressources alors qu'il n'y a qu'un seul océan pour toute l'humanité, vont ils pouvoir en bénéficier ? Cela a achoppé sur ce sujet.

C'est encore une bataille entre les pays développés du Nord et ceux du Sud ?

Bien évidemment. Et après ce sujet sur la biodiversité, on aura un traité sur l'exploitation des fonds marins l'année prochaine, le code minier. Là aussi, les pays du Sud sous sont la pression de la Chine, de la Russie et peut-être même de pays européens. Il y a tout de même peut-être une opportunité d'ici la fin de l'année puisqu'il va bien falloir que la Chine mette quelque chose sur la table pour les océans. En septembre, il y aura l'Assemblée générale des Nations unies. Le politique doit s'emparer de ce sujet parce que ce sont des enjeux géopolitiques absolument colossaux. Si ce traité n'est pas adopté avant la fin de l'année, il sera probablement définitivement enterré et d'autres événements géopolitiques pourraient prendre le dessus.

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