Climat : à Marpent, d'anciennes friches industrielles sont requalifiées en logements
En France, 6,4% du territoire est aujourd'hui artificialisé. L'étalement des logements avec les pavillons est responsable de la moitié de cette artificialisation. S'il n'est pas simple de contenir l’expansion des villes, à Marpent, dans le Nord, la commune tente de limiter l'artificialisation des sols.
"C'est une ancienne friche industrielle." Dans un froid presque polaire, Jean-Marie Allain, maire de Marpent (Nord), pointe le doigt vers une rangée de petits pavillons blanc et bleu qui contrastent avec le style de sa commune, plantée dans le nord à dix minutes de Maubeuge. Ce mini-quartier est la preuve qu’on peut faire avec les restes d'anciennes usines.
Limiter l'artificialisation des sols, c'est la mesure phare du projet de loi issu de la Convention citoyenne pour le climat. Présenté mercredi 10 février en Conseil des ministres, ce texte, intitulé "Climat et résilience", reprend près de la moitié des 149 propositions de la Convention destinées à réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici 2030 par rapport à 1990, selon le gouvernement.
Pour réduire l'étalement urbain qui se fait au détriment de terres agricoles et des espaces naturels, le projet de loi prévoit de diviser "par deux le rythme de l'artificialisation galopante des sols" et "souhaite interdire l'implantation de nouveaux centres commerciaux sur des espaces naturels avec une dérogation possible en dessous de 10 000 m2", avait dévoilé Barbara Pompili dans son entretien avec Le Parisien mi-décembre.
Des friches industrielles requalifiées
Depuis presque 20 ans, la commune de Marpent tend vers le "zéro artificialisation nette". Mais "zéro artificialisation" ne veut pas dire zéro construction. "C'est ce qu'on a appelé la politique à l'époque du resserrement urbain : on a resserré la ceinture à l'intérieur de laquelle on envisageait de mettre des constructions", explique le maire. Ce qui veut dire que les friches urbaines ont été requalifiées, notamment celle de l'ancienne fonderie.
"Je suis arrivé en 2001, on avait plus de 25 hectares de friches industrielles sur la commune."
Jean-Marie Allain, maire de Marpentà franceinfo
Plusieurs logements laissés à l'abandon ont été récupérés ou rachetés par la municipalité. Deux aires de jeux ont aussi été reconverties pour des constructions. Au total, en moins de 20 ans, environ 60 logements ont été construits sur la commune. Il existe une pression démographique dans le secteur, en grande partie liée à la décohabitation des couples qui cherchent de nouveaux logements après la séparation. "Ce phénomène là se vérifie, se justifie, mais pas que, explique Aurelie Regnier de l'agence de l'urbanisme de Maubeauge. On a quand même des enfants aussi qui souhaitent accéder à leur logement propre, donc on ne peut pas avoir que ce phénomène là, mais ça en fait partie."
Une jauge municipale critique
Et le maire ne peut pas perdre trop d’habitants. Pour lui, Il faut harmoniser la lutte contre l'artificialisation et la jauge municipale. Il y a 2 800 habitants à Marpent, la ligne rouge est un peu en-dessous. "Aujourd'hui, j'ai quelques craintes et je pense qu'on va commencer à redescendre" sous la jauge des 2 500 habitants, explique Jean-Marie Allain. Or, compte tenu de la taille de la commune, des équipements que l'on a – deux terrains de foot, une salle de sport, un groupe scolaire, une médiathèque – si la commune veut continuer à assurer les coûts de fonctionnement de ses différents équipements sans avoir à en fermer, il ne faut absolument pas descendre en dessous."
Pour reconstruire ou rénover, le maire a dû faire appel au privé. Dans le plan de relance, le gouvernement a mis 300 millions d’euros pour la rénovation des friches industrielles.
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