COP27 : la co-fondatrice de Youth For Climate, Adélaïde Charlier, partagée entre l'espoir et la peur
Adélaïde Charlier, qui milite aux côtés de Greta Thunberg pour le climat, souligne l'inscription des pertes et dommages pour les pays pauvres à l'agenda mais déplore l'exclusion de la société civile des débats de la COP27 et la surreprésentation des lobbyistes des énergies fossiles.
"Peut-être que la COP27 peut encore marquer l'histoire", espère Adélaïde Charlier, co-fondatrice, avec Greta Thunberg, du mouvement pour le climat, Youth For Climate, invitée vendredi 18 novembre sur franceinfo. Alors qu'elle avait "très peu d'attentes", concernant le sommet pour le climat qui s'achève vendredi en Égypte, elle se réjouit de l'inscription à l'agenda de la question des pertes et dommages pour les pays qui subissent déjà les conséquences du dérèglement climatique. Les pays du Sud, très exposés aux impacts mais souvent peu responsables des émissions de gaz à effet de serre, réclament un accord de principe sur la création d'un fonds d'aide. "C'est une bataille qui peut être gagnée", estime la militante.
franceinfo : La COP27 est-elle une COP pour rien ?
Adélaïde Charlier : J'avais très peu d'attentes concernant cette COP, après avoir assisté à la COP26 et constaté que rien n'en était sorti. Mais je vois que les pertes et les dommages ont été inscrits à l'agenda. Enfin ! Pour beaucoup d'activistes à travers le monde entier, pour les personnes déjà touchées par les conséquences climatiques, c'est une bataille qui peut, peut-être, être gagnée. Elle est menée depuis plus de 30 ans. Donc peut-être que cette COP peut encore marquer l'histoire, en donnant des fonds aux victimes.
Faire payer les riches pour les conséquences climatiques vécues dans les pays pauvres, ce serait un tournant ?
Oui, c'est une petite demande qui permettrait de résoudre une grande problématique. On parle d'un accord passé à l'accord de Paris. Tous les pays se sont mis d'accord pour dire que tout le monde allait réduire ses émissions de gaz à effet de serre, mais que les pays les plus riches allaient payer les plus pauvres parce qu'ils sont plus touchés par les conséquences climatiques alors qu'ils émettent moins d'émissions de gaz à effet de serre. Ça a été signé et, maintenant, on doit le mettre en place.
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Vous déplorez l'absence d'espace créé pour la société civile lors de cette COP27 ?
On a une COP qui a exclu la société civile, qui n'a pas du tout été démocratique. Il n'y a pas eu cet espace pour peser lourdement, depuis l'extérieur, pour montrer qu'il y a une pression citoyenne sur place, et, quand il y en a eu, elle a été très limitée avec beaucoup de risques pour les activistes à qui on a demandé de retirer leur badge défendant les droits humains. Or, sans la pression citoyenne, le monde politique n'arrive pas à aller au plus loin de ses ambitions.
Plus de 600 lobbyistes des énergies fossiles étaient présents à la COP, y voyez-vous le signe d'une inquiétude du secteur ou une raison de vous inquiéter de leur poids ?
Ce n'est pas du tout positif, cela nous fait très peur.
"Il y a 25% de plus de lobbyistes pour les énergies fossiles par rapport à l'an dernier et les citoyens ont encore moins de place."
Adélaïde Charlier, co-fondatrice de Youth For Climateà franceinfo
Il ne faudra pas s'étonner si, encore une fois, on a une COP qui ne nous permet pas d'avoir de l'ambition.
À quoi mesure-t-on la réussite d'une COP, selon vous ?
Le plus important c'est ce qui se passe quand on rentre, lundi, quand ces leaders politiques vont rentrer dans leur pays. Vont-ils pousser ce qui a été décidé à la COP ? C'est à ce moment-là qu'on pourra dire si la COP a eu un effet important ou pas. C'est à ce moment-là qu'on continue notre travail, en utilisant l'espace dont on dispose pour manifester, mettre des coups de pression au monde politique, au secteur privé pour obtenir une transition énergétique beaucoup plus rapide.
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