COP28 : le chef Raoni espère des accords "pour qu’on puisse avoir de l’air à respirer et une bonne qualité de vie pour tout le monde"

Le chef Raoni, figure internationale de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de la culture indigène au Brésil, espère "que les accords qui seront passés seront vraiment mis en œuvre."
Article rédigé par Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le chef Raoni à Brasilia (Brésil) le 30 août 2023 (EVARISTO SA / AFP)

À trois jours de la fin de la COP28, la pression s’accentue à Dubaï pour trouver un accord sur le climat, avec en fond la question de la fin des énergies fossiles. Aujourd’hui, en parallèle, les débats portent sur l’alimentation et l’agriculture.

À plus de 90 ans, le chef Raoni poursuit le combat entamé il y a plus de 30 ans pour la préservation de la forêt amazonienne. Il rencontre dimanche 10 décembre la maire de Paris et lundi le président de la République. Il commente pour franceinfo les négociations en cours à Dubaï, mais aussi l'arrivée au pouvoir de Javier Milei en Argentine. Et appelle les consommateurs à se tourner vers les produits locaux.

franceinfo : Selon vous, les pays présents lors de la COP28 ont-ils le même objectif que vous, la préservation de la planète ?

Raoni : C’est très important, la COP28. J’espère que les accords qui seront passés seront vraiment effectifs, mis en œuvre parce que ça ne sert à rien de passer des accords à tout va si ça ne mène à rien ! J’attends qu’ils signent des accords comme les règles sur l’alimentation qui vont être imposées en France en janvier sur la provenance des produits. Je veux vraiment que ça marche, pour qu’on puisse avoir de l’air à respirer et une bonne qualité de vie pour tout le monde.

Quel message voulez-vous faire passer aux Etats avant la fin de la COP28 ? Qu’attendez-vous d'eux, concrètement, pour préserver la forêt amazonienne ?

J’attends que ces réunions arrivent à des accords sur la provenance des produits qui contribuent à la déforestation, comme le soja, la viande et le bois. J’ai juste peur des divergences entre les chefs d’Etat, au niveau de la portée des règles. 

"Tous les chefs d’entreprise, les hommes d’affaires, doivent mettre de l’argent pour la protection des forêts, contre la déforestation, pour la protection des fleuves. Plus ils polluent, plus ils doivent mettre de l’argent pour la protection de la forêt."

le chef Raoni

à franceinfo

N’y a-til pas aussi une responsabilité des individus et de leur consommation ?

Au Brésil, nous avons énormément d’hectares de forêt qui ont été détruits à cause des élevages bovins et des plantations de soja. Ce que je vous demande, à vous les consommateurs, c'est de profiter des produits à proximité de chez vous ! Consommez des produits locaux ! Et vous qui plantez du soja et élevez du bétail, au Brésil ou en France, allez élever du bétail ou planter du soja sur des terres déjà déforestées. Arrêtez de couper encore des arbres pour de nouveaux élevages et de nouvelles plantations, profitez des terrains déjà déforestés. Plantez là-bas vos graines et élevez votre bétail, et ne touchez plus aux terres protégées !

En novembre, la déforestation en Amazonie est tombée à son niveau le plus bas depuis le début des relevés il y a huit ans. Est-ce que cela vous rend optimiste pour l’avenir ? Est-ce que vous entrevoyez la fin de votre combat ?

Je suis très content de cette réduction, mais je vais continuer à parler, je vais continuer mon combat.C’est une bonne nouvelle, c’est positif mais ce n’est pas la fin de mon combat. Comme a dit mon ami (le président brésilien) Lula, on va arrêter la déforestation en 2030. Je vais travailler main dans la main avec lui pour que ça arrive. Mais jusqu’à ce que ça arrive, on sera là à combattre.

Les Argentins investissent aujourd'hui leur nouveau président, Javier Milei. C'est un climatosceptique. Après les années Bolsonaro au Brésil, est-ce que cela vous inquiète ?

Quand il y a un président équilibré, ça me tranquillise ! Bolsanaro ne savait pas parler aux gens, il m’a fait beaucoup de mal. Le président de l’Argentine c’est un nouveau Bolsonaro, il m’inquiète beaucoup. C’est très dangereux. On espère tous qu’il ne restera pas longtemps au pouvoir.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.